Plongez dans le passé des écosystèmes marins méditerranéens

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Publié le 18 juin 2025 Mis à jour le 18 juin 2025
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le 18 juin 2025

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Immergez dans le passé des mers méditerranéennes à travers une exposition inédite et découvrez comment les écosystèmes marins ont évolué au fil des temps. Rendez-vous jusqu'au 29 septembre 2025 au musée de Préhistoire Terra Amata, à l’exposition « Des préhistoriques à la plage » !

De la montée des niveaux marins depuis la préhistoire aux impacts de l’insularité, cette exposition interactive met en lumière les découvertes récentes des équipes.

Les fresques, les récits et les vestiges archéologiques racontent une mer foisonnante de vie. Pourtant aujourd’hui, la Méditerranée est confrontée aux effets des activités humaines et du changement climatique. Comment expliquer cette dégradation ? Et quand celle-ci a commencé ? Que nous apprennent les civilisations passées sur l’évolution des écosystèmes marins et la préservation des stocks marins ?


Comment évolue la biodiversité marine en Méditerranée ?

Tatiana Theodoropoulou, chercheuse au laboratoire Cultures & Environnements, Préhistoire, Antiquité, Moyen Age (CEPAM) avec la collaboration de chercheuses et chercheurs de laboratoires azuréens (ECOSEAS, LOV-IMEV) porte le programme européen MERMAID dédié à l’exploration des liens entre l’Homme et la mer et à l’analyse des traces laissées par les sociétés anciennes, de la Préhistoire à l’Antiquité.
Ce projet de recherche vise à fournir des résultats descriptifs et mesurables sur l’évolution de la biodiversité marine en Méditerranée, en explorant l’état des écosystèmes avant l’apparition des activités de pêche à grande échelle. Les chercheurs évaluent comment nos perceptions actuelles de l’état naturel des mers peuvent être biaisées par les transformations progressives survenues au fil des siècles, un phénomène connu sous le nom de changement des lignes de référence. En utilisant le registre archéofaunique, c’est-à-dire les restes d’animaux marins trouvés dans les fouilles archéologiques (squelettes de poissons, coquillages), les chercheurs tentent de remonter aux conditions naturelles des écosystèmes marins méditerranéens et évaluent leur capacité d’adaptation face aux grandes pressions environnementales. Ils cherchent également à identifier les modes d’exploitation durables ou plus intensifs adoptés par les communautés côtières méditerranéennes.


Une approche aboutissant à des résultants concrèts

L’équipe de Tatiana Theodoropoulou utilise des techniques comme la modélisation écologique qui permet de reconstituer les biotopes anciens. En analysant les isotopes contenus dans les squelettes de poissons retrouvés sur des sites méditerranéens, datant de la Préhistoire à l’Antiquité romaine, ils en déduisent les relations trophiques entre les espèces marines. Ces approches permettent d’identifier les périodes de stabilité et de transformation des écosystèmes méditerranéens, en corrélant les données paléoclimatiques avec les évolutions des populations marines. 
Ils reconstituent aussi les stratégies de pêche des populations côtières et évaluent la part des ressources marines dans l’alimentation méditerranéenne à ces périodes. Les résultats montrent que les communautés du passé se basaient sur une variété extraordinaire de ressources marines. La pêche était locale et les principales espèces consommées étaient celles de la pêche côtière et de la pêche à pied. Bien que les grandes espèces marines, comme le thon, ont été exploitées très tôt, leur exploitation était à l’époque bien moins intensive. Cela expliquerait que la consommation de poisson est étonnamment faible dans les analyses isotopiques des squelettes humains du passé. Un vrai tournant s’est fait à l’époque romaine avec l’industrialisation des produits marins. Les ancêtres de nos boîtes de thon modernes ont été retrouvés sous la forme d’amphores qui contenaient du thon salé, transportées d’un bout de la Méditerranée à l’autre.

En savoir plus sur l'exposition « Des préhistoriques à la plage »