Et si Nematostella repoussait un jour les limites du vieillissement chez l’humain ?
Quand on évoque le milieu marin, on pense à la pêche, aux plages ou aux récifs colorés... Et on sait que les océans recèlent de véritables trésors... mais sont aussi une incroyable source d’inspiration pour la recherche scientifique.
S'inspirer du vivant pour innover
Connaissiez-vous la "bio-inspiration" ? C’est observer la nature pour créer de nouvelles technologies.
Les bras d’une pieuvre, les diatomées ou le squelette d’un hippocampe inspirent déjà l’architecture, la robotique ou la médecine. Les animaux marins sont aussi sources de molécules aux propriétés médicales (anti-douleur, anticancer), et leurs capacités biologiques
(comme la régénération ou la résistance au stress) offrent des
pistes prometteuses pour la santé humaine.
Une anémone de mer hors du commun
Nematostella Vectensis est une petite anémone translucide de
1 à 3 cm, cousine des coraux qui se prête à de nombreuses expériences tout en n’ayant aucun impact sur les populations naturelles et l’environnement. Elle vit dans les estuaires, tolère des conditions extrêmes et peut régénérer tout son corps. Elle peut également survivre plus d’un an sans manger et résiste à des doses d’irradiation fatales pour les humains.
Son secret ? Un organe appelé mésentère, qui déclenche la régénération en activant les cellules souches.
Et si elle est scindée en deux ? Deux animaux complets se reforment en quelques jours grâce à une régénération totale ! Cette anémone de mer est
un modèle de choix pour la recherche en biologie fondamentale et biomédicale.
Une longévité record
Cultivée depuis 30 ans en laboratoi
re, Nematostella ne montre aucun signe de vieillissement. Certains pourraient vivre jusqu’à 80 ans ! Sa longévité s’explique par sa
grande résistance au stress et sa capacité de réparation cellulaire. Elle partage aussi des similitudes génétiques avec les humains.
La pateforme ANTIAGE
Pour explorer ce potentiel, les chercheurs de
l’Institut de Recherche sur le Cancer et le Vieillissement de Nice (IRCAN), sous la direction d'
Eric Rottinger ont développé la
plateforme ANTIAGE, dédiée à
l’étude des anémones et coraux. Grâce à des techniques comme
CrispR/Cas9 et
des protéines fluorescentes, ils visualisent en direct les mécanismes de régénération et testent le rôle de certains gènes. Mais avant d’avoir de nouvelles approches thérapeutiques chez l’Homme, il faudra expérimenter sur des modèles murins afin de valider leur rôle potentiel pro-régénératif et ainsi envisager de nouvelles approches thérapeutiques pour vieillir en bonne santé.
Grâce à Nematostella, les chercheurs espèrent un jour repousser les limites du vieillissement chez l’humain. Une belle preuve que même les plus petits organismes marins peuvent inspirer les plus grands espoirs.