Nematostella : l'anémone de mer qui défie le vieillissement

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Publié le 18 juin 2025 Mis à jour le 18 juin 2025
Date(s)

le 18 juin 2025

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Et si Nematostella repoussait un jour les limites du vieillissement chez l’humain ?

Quand on évoque le milieu marin, on pense à la pêche, aux plages ou aux récifs colorés... Et on sait que les océans recèlent de véritables trésors... mais sont aussi une incroyable source d’inspiration pour la recherche scientifique.


S'inspirer du vivant pour innover

Connaissiez-vous la "bio-inspiration" ? C’est observer la nature pour créer de nouvelles technologies. Les bras d’une pieuvre, les diatomées ou le squelette d’un hippocampe inspirent déjà l’architecture, la robotique ou la médecine. Les animaux marins sont aussi sources de molécules aux propriétés médicales (anti-douleur, anticancer), et leurs capacités biologiques (comme la régénération ou la résistance au stress) offrent des pistes prometteuses pour la santé humaine.


Une anémone de mer hors du commun

Nematostella Vectensis est une petite anémone translucide de 1 à 3 cm, cousine des coraux qui se prête à de nombreuses expériences tout en n’ayant aucun impact sur les populations naturelles et l’environnement. Elle vit dans les estuaires, tolère des conditions extrêmes et peut régénérer tout son corps. Elle peut également survivre plus d’un an sans manger et résiste à des doses d’irradiation fatales pour les humains.
Son secret ? Un organe appelé mésentère, qui déclenche la régénération en activant les cellules souches. Et si elle est scindée en deux ? Deux animaux complets se reforment en quelques jours grâce à une régénération totale ! Cette anémone de mer est un modèle de choix pour la recherche en biologie fondamentale et biomédicale. 


Une longévité record

Cultivée depuis 30 ans en laboratoire, Nematostella ne montre aucun signe de vieillissement. Certains pourraient vivre jusqu’à 80 ans ! Sa longévité s’explique par sa grande résistance au stress et sa capacité de réparation cellulaire. Elle partage aussi des similitudes génétiques avec les humains. 


La pateforme ANTIAGE

Pour explorer ce potentiel, les chercheurs de l’Institut de Recherche sur le Cancer et le Vieillissement de Nice (IRCAN), sous la direction d'Eric Rottinger ont développé la plateforme ANTIAGE, dédiée à l’étude des anémones et coraux. Grâce à des techniques comme CrispR/Cas9 et des protéines fluorescentes, ils visualisent en direct les mécanismes de régénération et testent le rôle de certains gènes. Mais avant d’avoir de nouvelles approches thérapeutiques chez l’Homme, il faudra expérimenter sur des modèles murins afin de valider leur rôle potentiel pro-régénératif et ainsi envisager de nouvelles approches thérapeutiques pour vieillir en bonne santé.
 

Grâce à Nematostella, les chercheurs espèrent un jour repousser les limites du vieillissement chez l’humain. Une belle preuve que même les plus petits organismes marins peuvent inspirer les plus grands espoirs.