Bennu : des indices clés sur les origines du système solaire
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Publié le 2 octobre 2025–Mis à jour le 2 octobre 2025
Date(s)
le 2 octobre 2025
Bennu
Le 24 septembre 2023, la mission OSIRIS-REx de la NASA a rapporté 121,6 g d’échantillons de l’astéroïde Bennu, véritable témoin des origines du système solaire. Leurs analyses, publiées dans Nature Geoscience les 22 août et 11 septembre 2025, révèlent le rôle clé des fluides dans son évolution. Ces recherches ont mobilisé une équipe internationale, dont les laboratoires Lagrange et CRHEA d’Université Côte d’Azur et du CNRS.
Le 24 septembre 2023, la mission OSIRIS-REx de la NASA a ramené sur Terre 121,6 grammes d’échantillons de l’astéroïde Bennu, un corps primitif riche en eau et en composés organiques. Véritable capsule temporelle, ce matériau offre une occasion unique d’explorer les conditions qui régnaient dans la nébuleuse solaire il y a plus de 4,5 milliards d’années. Leurs analyses ont déjà révélé des informations inédites sur l’histoire géochimique de Bennu et sur les premiers stades de la formation du système solaire.
Ces recherches, publiées dans Nature Geoscience les 22 août et 11 septembre 2025, ont été menées par une équipe internationale impliquant des scientifiques d’Université Côte d’Azur et du CNRS notamment du laboratoire Joseph-Louis Lagrange (CNRS/Observatoire de la Côte d’Azur/Université Côte d’Azur) du Centre de recherche sur l'hétéroepitaxie et ses applications (CNRS/ Université Côte d’Azur). Elles soulignent le rôle majeur des fluides dans l’évolution de l’astéroïde, apportant des indices essentiels sur les conditions ayant pu conduire à la synthèse de molécules organiques prébiotiques.
L’équipe internationale a la charge de la caractérisation détaillée des échantillons de Bennu. Les analyses minéralogiques, effectuées à l'aide de microscopie électronique et de diffraction des rayons X, révèlent que les échantillons sont principalement composés de silicates hydratés à l'échelle nanométrique, comme la serpentine et la saponite. Ces minéraux sont parsemés de sulfures de fer, de magnétite et de carbonates.
Les scientifiques, grâce notamment aux études de cathodoluminescence portées par les équipes niçoises, ont découvert des indices montrant que ces minéraux ont été altérés par un fluide aqueux qui a évolué au fil du temps d'un pH neutre à alcalin. Ce processus a provoqué la dissolution de certains minéraux et la re-précipitation de nouveaux aux environs de 20-30 °C, des conditions similaires à celles observées sur l'astéroïde Ryugu (un autre astéroïde primitif échantillonné par la mission Hayabusa2 de la JAXA) et dans les météorites primitives carbonées de type Ivuna (CI).
Ces découvertes, combinées à d'autres résultats publiés, confirment que des corps célestes comme Bennu étaient riches en fluides aqueux peu après leur formation, offrant des indices cruciaux sur les conditions qui ont pu mener à la synthèse de molécules organiques prébiotiques. En définitive, ces missions de retour d'échantillons et les analyses microscopiques qu'elles permettent sont inestimables. Elles nous offrent une compréhension profonde des astéroïdes, ces "briques" élémentaires qui ont finalement contribué à la formation de la Terre et, peut-être, à l’émergence de la vie.
Contacts chercheurs
Guy Libourel, enseignant-chercheur d’Université Côte d’Azur au laboratoire Joseph-Louis Lagrange (Observatoire de la Côte d’Azur ,Université Côte d’Azur, CNRS), libou@oca.eu, Co-I OSIRIS-REx et coordinateur géographique (France-Europe)
Marc Portail, ingénieur de recherche du CNRS au CRHEA (Université Côte d’Azur, CNRS), Marc.Portail@crhea.cnrs.fr
G.L & M.P remercient le CNES, l’ANR, Université Côte d’Azur et la fédération Doeblin pour leurs soutiens financiers.