Schizophrénie : trouver le meilleur traitement grâce à une prise de sang

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Publié le 18 novembre 2020

Nicolas Glaichenhaus de l'Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire (UNS, CNRS) vient de recevoir le prix Marcel Dassault pour financer son projet de recherche sur les patients atteints de schizophrénie. Il espère ainsi pouvoir développer un algorithme de prédiction permettant au psychiatre d’identifier d’emblée, sur la base d’une simple prise de sang, le traitement qui aura le plus de chance d’être efficace pour son patient.

La schizophrénie touche 600 000 personnes en France aujourd'hui. Il y a deux fois plus de personnes atteintes dans les villes que dans les campagnes et les premiers symptômes apparaissent généralement entre 15 et 25 ans. La maladie est caractérisée par des idées délirantes, des hallucinations, de l’anxiété et des difficultés à éprouver des émotions et à raisonner de manière logique.

Si de nombreux traitements sont aujourd’hui disponibles pour les patients atteints de schizophrénie, les médecins ne disposent pas de marqueurs pour choisir la stratégie thérapeutique la plus efficace chez un patient donné.

Depuis plusieurs années, médecins et chercheurs travaillent à l’identification de marqueurs biologiques grâce aux pistes génétiques, immunologiques ou d’imagerie cérébrale. Pourtant, aucun des premiers marqueurs identifiés à ce jour ne s’est montré assez fiable pour être utilisé par les médecins dans leur pratique quotidienne.

 

En collaboration étroite avec deux chercheurs du Laboratoire Informatique Signaux et Systeme de Sophia-Antipolis - I3S (UNS, CNRS), Michel Barlaud et Lionel Fillatre, Nicolas Glaichenhaus, Professeur d'immunologie à l'Institut de Pharmacologie Moléculaire et cellualire - IPMC (UNS, CNRS), propose d’utiliser des méthodes dites de « classification statistique supervisée » pour analyser rétrospectivement les prélèvements sanguins et les dossiers cliniques de centaines de patients atteints de schizophrénie, suivis dans les Centres Experts de la Fondation FondaMental. Il espère ainsi pouvoir développer un algorithme de prédiction permettant au psychiatre d’identifier d’emblée, sur la base d’une simple prise de sang, le traitement qui aura le plus de chance d’être efficace pour son patient.

Un projet basé sur des résultats préliminaires encourageants

Afin d’obtenir la preuve de concept que son projet pouvait aboutir, Nicolas Glaichenhaus a eu accès à une cohorte de patients présentant un premier épisode psychotique et jamais traités auparavant. Il a mesuré les molécules de l’inflammation produites par les cellules de l’inflammation (cytokines) dans le sérum de ces patients, avant et après traitement par un antipsychotique de première ligne appelé Amisulpride. Les données ont été analysées chez les répondeurs et les non-répondeurs au traitement en utilisant des méthodes avancées de classification statistique. Cela a permis de générer une première version d’un algorithme mathématique permettant de prédire, sur la base de la concentration de quelques cytokines avant traitement, si un patient sera répondeur ou non à cet antipsychotique de première ligne. Ce projet pourrait ainsi permettre de développer de nouveaux biomarqueurs « théranostiques »

"Bien que les résultats préliminaires que nous avons obtenus avec les patients psychotiques soient encourageants, le pouvoir prédictif de notre algorithme, c’est-à-dire sa sélectivité et sa spécificité, est encore insuffisant", explique Nicolas Glaichenhaus. "Pour améliorer ce pouvoir prédictif, nous allons poursuivre plusieurs pistes parmi lesquelles la mesure de la concentration d’autres cytokines, l’intégration de données cliniques et l’incorporation dans notre algorithme de contraintes dites « de graphe ». De plus, quelque soit le pouvoir prédictif de notre algorithme, il ne pourra être utilisé par les cliniciens dans leur pratique quotidienne que si nous confirmons son efficacité dans d’autres cohortes de patients, à différents stades de leur maladie. Enfin, dans l’hypothèse où notre projet donnerait les résultats escomptés, nous souhaiterions mettre en œuvre des approches similaires pour concevoir des signatures clinico-biologiques à visée diagnostiques pour aider les psychiatres à identifier parmi les patients présentant un épisode dépressif, ceux qui sont unipolaires (uniquement dépressifs) ou ceux qui sont bipolaires (qui présentent des épisodes de dépression ou de manie). C’est l’ensemble de ces projets que nous allons pouvoir développer grâce au Prix Marcel Dassault et au soutien du Groupe Dassault et de la Fondation Fondamental".

Un immense espoir de la médecine de précision pour les personnes atteintes de schizophrènies. On peut espérer que dans les années à venir, les psychiatres pourront identifier, sur la base d’une simple prise de sang, le traitement le plus approprié pour leurs patients.

Source : communiqué Groupe Dassault

Contact :
Contact Chercheur : nicolas.glaichenhaus@unice.fr :