[Portrait] Mathieu Mérian, 22 ans, 15 salariés, Pépite humaniste

C’est l’histoire d’un gamin qui trouve les journées d’école un peu longues. Lui ce qu’il attend, c’est que la sonnette retentisse pour courir rejoindre ce grand-père ingénieur pour inventer, réparer, créer avec lui. Le virus est contagieux, à 4 ans le garçon se retrouve avec un fer à souder entre les mains, à 11/12 ans, il a déjà quelques réalisations à son actif, il se passionne pour le design, ce qui est utile doit aussi être beau, Apple est passé maître en la matière et inspire les inventeurs en herbe.

Un jour à la TV un reportage sur l’impression 3D, un déclic, il lui faut une de ces machines. Trop chères… qu’à cela ne tienne il va en fabriquer une. Il rassemble des pièces, démonte le sèche-cheveux de sa mère, lui en subtilise la résistance, sa première imprimante 3D sort quelques jours plus tard de ses ateliers, les premières impressions suivront. Stage à 15 ans chez Volumic 3D, premier créateur français d’imprimantes 3D. Il s'investit, il se passionne, en guise de rémunération, il repart avec un sac de pièces. La version 2 de sa machine va ainsi monter en gamme et gagner en performance. Pas encore assez pour le projet de TPE du Bac dans lequel il entraîne une bande de copains. L’ingénieur en herbe s’est mis en tête de fabriquer une prothèse de bras pour l’un de ses potes amputé.

Il tape à nouveau à la porte de Volumic 3D, leur explique qu’il a un projet pour le Bac, qu’il veut monter sa boîte derrière. “Vendez-moi une machine à crédit, je vous la rembourse dès que j'aurai fait mes premières ventes”. Il repart avec une machine cédée au quart de son prix, début d’une histoire qui n’a pas fini de faire parler d’elle. Quant à la prothèse de bras, elle sidère le jury. Imprimée en 3D, elle s’adapte parfaitement à la morphologie de son utilisateur, chaque articulation, chaque doigt est motorisé. L’inventeur va réussir à se connecter à une terminaison nerveuse sous l’aisselle de son pote pour que ce dernier puisse actionner le membre, le bras bionique est fonctionnel, il se commande et s’articule. Bluffant.

Mathieu Merian a aujourd’hui 22 ans. Nous l’avons rencontré dans ses bureaux à Sophia Antipolis. 5 ans plus tard, il est à la tête de Somanity et de My3D, il compte une quinzaine de salariés. Après le Bac, il a tenté un IUT en région lyonnaise, tentative avortée, il entre de plain pieds dans l’entrepreneuriat, crée My3D, devient le spécialiste de l’impression 3D avancée dans les Alpes-Maritimes. Il rejoint parallèlement un cursus d’Ecole de Commerce à Skema BS. Un cours en entrepreneuriat de 6 mois proposant de lancer un projet de toute pièce fait germer une nouvelle idée de génie dans sa tête. Il renoue contact avec un pote atteint d’une sclérose en plaque, ce dernier lui explique que sa santé se dégradant, marcher lui est désormais impossible. Mathieu veut le faire remarcher.

Le projet d’étude utopique flirte rapidement avec la science fiction. Il existe bien des exosquelettes développés à grand renfort de technologies coûteuses mais quand on parle de ces pièces rares les prix s’affolent, 150 000 à 250 000€, une paille. Lui se met en tête de le faire pour moins de 10 000€, imprimer en 3D, motoriser, commander, il a déjà expérimenté, l’idée c’est de passer à la vitesse supérieure. C’est avec ce projet dans sa besace que Mathieu rejoint Pépite Paca-Est et acquiert le statut d’étudiant entrepreneur. Le dispositif offert par UniCA Entreprendre va lui permettre d’aménager son emploi du temps, d’être dispensé des stages en entreprise que prévoit son cursus pour les réaliser dans la propre sienne, de côtoyer des jeunes créateurs d’entreprise, d’élargir son réseau et d’accéder à davantage de services et conseils.
 

Ce qui caractérise l’Université d’un dispositif d’accompagnement à l'entrepreneuriat lambda, c’est son ancrage dans la Recherche et son lien indissociable des meilleurs experts du monde médical
 

Somanity est créée. Mathieu confirme ainsi sa volonté de travailler dans le bio-médical, avec l’humain, pour l’humain. Un premier prototype est sorti des imprimantes. La V2, la version définitive, motorisée, sera validée dans le premier semestre 2024. Les développements sont intégralement auto-financés grâce aux revenus de My3D . Une levée de fonds devrait intervenir en fin d’année 2024 pour lancer la commercialisation début 2025.
Et comme ce qui est utile doit aussi être beau, le design de l’exosquelette Somanity fait lui aussi un pas de géant dans le futur, remarquablement esthétique. UniCA Entreprendre intervient à nouveau à ce stade du projet entrepreneurial. Ce qui caractérise l’Université d’un dispositif d’accompagnement à l'entrepreneuriat lambda, c’est son ancrage dans la Recherche et son lien indissociable des meilleurs experts du monde médical. Mathieu est mis en relation avec Marc-Olivier GAUCI, éminent chirurgien orthopédiste, technophile à l’origine d’innovations dans le domaine chirurgical. Au delà d’un avis expert sur l’exosquelette, ce dernier va accompagner Mathieu et l’aider à constituer un board de médecins au sein de Somanity, précieux sésame.

Somanity va permettre à terme à de nombreuses personnes de retrouver leur mobilité dans un futur proche. Un beau scénario digne du meilleur film d’anticipation.