Un fonds documentaire d’éthique en santé inauguré à la Bibliothèque universitaire de la faculté de médecine
- Formation
le 6 février 2019
La Bibliothèque universitaire de la faculté de médecine a inauguré, mardi 29 janvier 2019, la création d’un fonds documentaire consacré à l’éthique en santé et à la bioéthique. Constitué de 700 ouvrages et documents traitant du sujet de la bioéthique, le fonds documentaire est destiné à tous les étudiants d’Université Côte d’Azur mais aussi au grand public.
En janvier 2018, l’Espace Ethique Azuréen (EEA) et Université Côte d’Azur signaient une convention de partenariat afin de travailler sur l’ouverture d’un fonds documentaire d’éthique en santé. A l’initiative du Professeur Gilles Bernardin, Président de l’Espace Ethique Azuréen, et de Daniele Amselle, responsable de la Bibliothèque universitaire de Médecine, il a été inauguré à la Bibliothèque universitaire de médecine pasteur en présence d’Emmanuel Tric, président d’Université Nice Sophia Antipolis (UNS), du Professeur Patrick Baqué, doyen de la faculté de médecine, et de Sarah Hurter, Directrice du Service Commun de Documentation (SCD). Pour l’occasion, le Professeur Delfraissy, Président du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE), a fait l’honneur de sa présence en donnant une conférence interactive sur la bioéthique ; un sujet d’actualité en France mais une source de débats, notamment autour de l’évolution de la loi bioéthique de 1994. Des textes qui avaient déjà été révisés en 2011 et 2014.
Les états généraux 2018 : un nouveau souffle pour la bioéthique
Les états généraux de la bioéthique avaient été lancés le 18 janvier 2018 par le gouvernement et le CCNE, dans le cadre de la révision de la loi bioéthique. Ces états généraux, qui se sont ponctués par 4 mois de discussions sur 9 grands thèmes, ont donnés lieu à L’avis 129 Contribution du CCNE. La procréation, l’Intelligence Artificielle (IA) et la robotisation font partis des grandes thématiques abordées. Jean-François Delfraissy, Président du CCNE depuis 2016, définit les états généraux comme « une discussion avec les citoyens sur des sujets difficiles, parce qu’ils sont clivants, et parce que ce sont des sujets scientifiquement complexes ». Des consultations en ligne, des auditions, des évènements en région et une expertise des comités éthiques ont permis d’encadrer les échanges afin que chacun puisse transmettre ses opinions. Ces avis sur les 9 grandes questions aideront le gouvernement français à établir la loi bioéthique 2019.
Le fonds documentaire est né de la dynamique des états généraux afin de sensibiliser les étudiants à l’aspect éthique de la pratique de la médecine.
Cette dimension éthique semble essentielle pour Patrick Baqué, doyen de la faculté de médecine : « le cœur du métier est fait d’éthique, dans les moments les plus difficiles ».
Au fait, la bioéthique, c’est quoi ?
Le Professeur Delfraissy, Président du Comité Consultatif National d’Ethique, a tenté de définir la question brûlante de la bioéthique : « Les définitions sont multiples mais la bioéthique est une sorte d’équilibre à trouver entre les avancées scientifiques et technologiques, qui sont indiscutables, et la société qui change. Trouver le chemin de la bioéthique, c’est profiter des avancées scientifiques, prendre ce qui peut être pris et essayer de les mettre en concordance avec les demandes sociétales ». Le Président de CCNE précise que la bioéthique n’a rien à voir avec la morale, « ce n’est pas dire ce qui est bien et mal », il s’agit de prendre en compte les arguments des uns et des autres et savoir écouter. « C’est poser sur la table une série de grandes questions » indique le Professeur. Des questions qui n’ont pas fini de diviser puisque les sujets de la Procréation médicalement assistée (PMA), de la Gestation pour autrui (GPA) et de la fin de vie ont suscité de vives réactions.
L’objectif : le renforcement de la culture éthique
C’est en 2017 que l’EEA donne l’idée d’un fonds documentaire d’éthique en santé à la faculté de médecine et reçoit un accueil favorable de l’équipe de la Bibliothèque universitaire. Le Professeur Bernardin engage alors les moyens financiers nécessaires pour créer ce fonds et initier une collection : « Je me suis engagé à ce que le fonds soit maintenu à jour » souligne le président de l’EEA. Le fonds documentaire est destiné à tous les étudiants d’Université Côte d’Azur mais aussi au public, « la bioéthique est interdisciplinaire » explique Daniele Amselle, puisque la bioéthique aborde plusieurs disciplines comme la philosophie, la psychologie ou le droit, c’est donc « toute la communauté universitaire qui est concernée ». Le Professeur Bernardin appuie sur « la disparité de l’éthique » dans les formations de médecine alors qu’elle serait bien plus présente dans les programmes dédiés aux infirmières et aux infirmiers. Daniele Amselle confirme qu’il y a une très forte demande de la part des étudiants en médecine. L’ouverture de ce fonds documentaire est une opportunité pour Université Côte d’Azur d’orienter ses formations vers la bioéthique afin de renforcer les connaissances sur la culture éthique de ses étudiants.
Une révolution dans la formation des étudiants
« L’EEA a des missions communes avec celles du SCD. L’une de ces missions est de soutenir la formation initiale mais aussi de faciliter l’accès et de promouvoir la documentation » affirme Sarah Hurter, directrice du SCD, lors de l’inauguration du fonds documentaire. Le Professeur Bernardin confit que l’éthique est comme « un mot qui fait peur mais [l’éthique] c’est surtout écouter, réconforter, apaiser, ce sont des choses simples et quelque fois, on l’oublie ». Réaffirmer les valeurs de l’éthique s’inscrit dans la démarche d’orientation des formations d’Université Côte d’Azur. Ce fonds documentaire d’éthique en santé permet à la Bibliothèque universitaire de Médecine « de rester collée à l’actualité et de répondre aux grands enjeux qui se posent à nous aujourd’hui » ajoute Sarah Hurter. « L’éthique n’est pas facile à enseigner », assure Patrick Baqué, et c’est pourtant le défi que tente de relever Université Côte d’Azur. Emmanuel Tric, Président d’UNS, met l’accent sur l’importance de la question éthique dans les formations et évoque l’impact des nouvelles technologies, comme l’Intelligence Artificielle (IA) qui vient bousculer le XXIe siècle : « on doit repositionner l’Homme » assure-t-il.
Le Président de l’Espace Ethique Azuréen, Pr Gilles Bernardin, est convaincu que « la nouvelle génération est prête à s’intéresser à la bioéthique. Les jeunes arrivent à l’éthique avec la nouvelle technologie ». Ces 700 ouvrages et documents sont dorénavant disponibles à la Bibliothèque universitaire de la faculté de médecine. « Je suis certain que les étudiants en profiteront » conclut le doyen de la faculté de médecine, Patrick Baqué.