UCA Jedi : une histoire de concours, de concorde, d'institutions. Une histoire humaine

  • Institutionnel
  • Institutionnel
Publié le 18 novembre 2020

Une réussite à l’IDEX : une demi-heure d’exposé devant le jury, une heure de discussion le 19 janvier 2016, oui, mais surtout une histoire humaine, une histoire institutionnelle qui commence à l’automne 2012. L’obtention du très sélectif IDEX par Université Côte d’Azur ce vendredi 22 janvier 2016 a pu être vécue comme une surprise par certains. Mais notre site vient de révéler sa véritable force et son énorme potentiel : celui d’une université de renommée mondiale. La labellisation d’UCA en IDEX ne doit rien au hasard. Retour sur 40 mois de préparation.

Automne 2012 : la première vague des IDEX vient de se terminer. L’objectif est d’avoir 10 à 12 établissements de référence en France grâce aux dotations permettant de reformater Enseignement et Recherche pour une visibilité internationale. Huit pôles ont d’ores et déjà été sélectionnés lors du PIA1. Il reste deux à quatre places potentielles. La question est cruciale pour l’université Nice Sophia Antipolis: peut-on faire partie des grands pôles de l’ESR quand on est de taille moyenne et identifié avant tout comme au bord de la Méditerranée sous les palmiers ? Peut-on changer l’histoire d’une Université qui va fêter son cinquantenaire ?

C’est possible mais pas tous seuls. Les assises de l’enseignement supérieur, l’annonce de la préparation d’un nouveau texte de loi, le bruissement d’un PIA 2 avec une nouvelle vague d’Idex. Un pré-requis : être organisé en pôle d’enseignement supérieur et de recherche (PRES) ou en regroupement tels qu’ils seront prévus par la nouvelle loi. C’est le déclic au sein de l’association PERSAN : il nous faut inverser la tendance, élargir le groupe, construire un projet ambitieux pour le territoire de la Côte d’Azur et nous engager ensemble à trouver ensuite seulement la boite institutionnelle qui conviendra. Première étape : le recensement des forces et l’analyse sans complaisance des faiblesses.

Juillet 2013 : la loi sur l’ESR. Trois formes de regroupement possibles : la fusion, l’association entrainant le rattachement, la Communauté d’Université et d’Etablissement. Seule cette dernière permet l’engagement des organismes de recherche et des partenaires relevant d’autres ministères comme des écoles privées. Le choix est fait, ce sera la ComUE. Reste à convaincre, à rassembler… les organismes, les tutelles, les partenaires naturels, mais aussi au delà les écoles d’art et de design qui caractérisent notre territoire tellement propice depuis si longtemps à la créativité. Reste à baptiser la nouvelle ComUE, à lui donner une signature.

Janvier 2014 : Université Côte d’Azur sera notre marque ! Démarre le processus administratif pour nous mettre en capacité de candidater au PIA2 annoncé pour l’automne. Faire apparaître un point en bas à droite de la carte de France sur le tableau de bord national. La dernière chance d’obtenir un label d’Excellence pour notre communauté académique sur la côte d’Azur. Et le doute qui s’installe aussi. Un autre type de projet est possible : un ISITE, quelques disciplines phares mises en avant, une articulation de l’ESR sur les forces économiques locales. Plus simple, moins ambitieux, et surtout laissant tant de forces sur le bord du chemin. Pourtant ce projet est une histoire collective : tant d’idées, tant d’envies, tant d’espoirs, tant de travail commun ne peuvent être délaissés, abandonnés. Mais faut-il lâcher la proie pour l’ombre ?

 

 

Printemps 2014 : la décision est prise, UCA concourra pour l’IDEX ! Nous irons tous ensembles, à nous d’être originaux, disruptifs, plus petits peut être mais du coup tellement plus agiles. Premières réunions programmées dans les premiers jours de Juin 2014 : une communauté se construit autour d’une ébauche du projet, la mobilisation est générale. Mais, il nous faut un porteur de projet. Caractéristiques : une reconnaissance scientifique indéniable, la capacité d’écouter et de penser autrement, une connaissance du monde académique comme du monde industriel, convaincu de l’importance du collectif, un passionné à sang froid car la route sera longue et semée d’embûche… Bureau du grand château… Un collègue, un peu étonné, venu assister à une réunion de préparation à l’Idex se retrouve assis devant un café et une proposition. Quelques heures de réflexion et sa réponse : oui, il sera le porteur de notre projet !

Les assemblées générales de présentations se succèdent. Et de nouveau un doute : pourquoi pas un ISITE diront certains ? Ce serait déjà pas mal pour une université qui est passé à coté des principaux appels à projets ces dernières années. Mais l’ambition pour notre université se situe au delà d’un ISITE, la valeur de la recherche pluridisciplinaire et le potentiel peuvent correspondre à un IDEX. Les rencontres avec les laboratoires nous ont convaincus, nous attendons tous, nous espérons tous, nous relevons la tête. Notre signature sera de projeter la totalité de nos ressources académiques sur le territoire. Laboratoire par laboratoire, c’est la construction des académies qui se dessine, la projection sur les centres de références au travers des défis sociétaux, la maison de la modélisation de la simulation et des interactions, le centre de recherche et de déploiement des innovations pédagogiques. Et la magie opère : les idées et les propositions jaillissent, des projets se construisent entre les membres.

Automne 2014 : le cahier des charges, enfin ! Un projet IDEX, c’est non seulement les partenaires du supérieur, la puissance et l’intensité scientifique, l’ambition pédagogique, ce sont aussi les entreprises et les collectivités territoriales. Il faut des soutiens : nous voilà partis à la rencontre de tous les partenaires intéressés, en nous appuyant sur les réseaux existants, en créant de nouveaux liens. Il faut expliquer en quoi un projet universitaire peut rencontrer les attentes d’un territoire. Les collectivités se mobilisent devant cette nouvelle organisation, les entreprises adhèrent. La silhouette du projet se dessine.

C’est aussi le moment où l’histoire humaine prend tout son sens. Nous nous faisons aider par un cabinet de consultant spécialisé. Planning, réunions, rédaction, discussions, rencontres, présentations, les semaines s’enchaînent avec la mobilisation de tous les membres d’UCA. Nos concurrents communiquent, s’appuient sur leurs expériences précédentes, sur les conseils déjà reçus du jury. Nous avons tout à inventer et un cahier des charges que nous connaissons par cœur. Il y a des sourires condescendants qui dynamisent. C’est la guerre des « Etoiles » de la recherche française qui est lancée nous dit on. Nous tenons le nom de notre projet : J.E.D.I. « Joint Excellent and Dynamic Initiative ». Les premiers documents sont produits par le cabinet. Et c’est la déception : le souffle n’y est pas, tout est aseptisé, formaté. La traduction en anglais arrive : ce n’est simplement plus notre projet que nous avons sous les yeux! Nous sommes à 5 semaines du dépôt de dossier : une décision s’impose. Nous nous séparons du cabinet, le fond et la forme doivent nous ressembler et nous avons tout en interne ! Qui mieux que la communauté qui porte ce projet peut le sublimer. Appel aux bonnes volontés, tout s’organise, mobilisation générale, texte ré-écrit, nouvelle traduction, signature visuelle, le fond, la forme tout doit être UCA. Les jours, les grands morceaux de nuit, 24 Décembre comme 1er Janvier, discussions, confrontations d’idées, la « Dream Team » est née. Tous les doigts se superposent sur le clavier au moment du dépôt. Il est 1h33 du matin, mardi 20 Janvier 2015 : l’IDEX UCA JEDI est déposé.

 

 

 

Mais il faudra encore un an de travail.

La délégation est choisie pour l’audition de pré-sélection. Diversifiée, reflétant notre différence. C’est une histoire à 5 voix qui est présentée au jury le lundi 20 Avril 2015 : la force d’une université pluri-disciplinaire, le soutien des organismes de recherche, l’implication des écoles de commerce, la créativité des écoles d’art et de design, la conviction d’un porteur de projet qui a réussi la synthèse de ce que le territoire compte de meilleur. Le jury est impressionnant de professionnalisme, il connaît notre dossier à fond, les questions fusent, une heure comme une minute et nous voilà dehors, vidés mais avec le sentiment d’avoir étonné, convaincu, peut-être ! Qu’importe ! Nous aurons tenté notre chance.

Les heures sont comme des jours, les minutes sont comme des heures. Nous lisons jour après jour les « impressions » des porteurs des projets sélectionnés, lecture entre les lignes : nous y croyons, puis nous n’y croyons plus, puis à nouveau nous y croyons. Et le 24 Avril : le résultat des présélections : sur vingt projets déposés, 3 sont recommandés en Idex, 5 en ISITE, 12 candidatures éliminées ! Les recommandations du jury arrivent : l’histoire n’est pas finie, la 1ère réussite n’est qu’une autorisation à continuer le concours, les points à améliorer sont identifiés. Il faut se remettre au travail, vite, bien, et à nouveau convaincre car il nous fait maintenant des preuves concrètes de soutien.

Mais une fois encore, la magie agit : le soutien du territoire est sans faille. Le projet est relayé par les décideurs, la Métropole NCA, la CASA, les maires des villes se mobilisent comme les élus du département. Les membres de la CCI de l’UPE06 se font nos ambassadeurs, UCA JEDI devient le projet de son territoire. Les regards ont changé, les signaux positifs et les succès s’accumulent. Nos palmiers deviennent un atout de plus et le soleil est en supplément.  Rendez-vous, présentations, échanges, il nous faut conforter les soutiens, convaincre les derniers sceptiques, allumer l’envie d’une aventure dont nous serions tous fiers sur la côte d’azur. Les académies se structurent, les projets se construisent et débutent entre membres, entre laboratoires et entreprises, les conseils d’UCA sont élus et son président élu, le nouveau document est rédigé, mis en page, imprimé, les lettres d’engagement s’accumulent. De nouveau la symbiose unit les membres opérationnels : comme le dit si simplement le porteur de projet, nous n’avons pas préparé notre candidature, nous l’avons vécue chaque jour. Et de nouveau les doigts s’empilent sur le clavier. Nous sommes le jeudi 22 Octobre 2015, le document amendé est déposé.

La date de l’oral est fixée : ce sera le 19 Janvier à 15h30. Le cadre est strict, pourtant comme toujours nous voulons « signer » cette présentation. Nous ne sommes pas qu’un lieu où les talents se juxtaposent, nous sommes unis et pluriels et nous avons une vision commune. Alors, nos diapositives, notre texte se doivent de refléter cela, c’est notre atout majeur. Première écriture, relectures, traduction, enregistrement, les casques sur les oreilles pour que l’oral soit fluide et les répétitions : « Distinguished members of the Jury … », «  let us be clear … », « with an upward double spiral», « we are deeply convinced », « breaking down barriers »…

 

Pour certains, «  ce n’est qu’une formalité », pour d’autres « nous avons reçu un signal positif, c’est suffisant », encore et toujours, on nous dit trop « petits », d’autres sont si puissants, mais nous, nous sommes intenses ! Les nouvelles délégations se composent, surprenantes parfois, peu importe, chassons le doute, pour nous c’est travail, répétitions seuls ou en groupe, la veille encore à Paris, chrono : 29’47’’ parfait ! Les messages affluent apportant soutien, énergie, et une si grande responsabilité. Mais quelle équipe !!! « We are not kings, we just want to construct a kingdom together…. don’t let the soufflé collapse… »

Trois jours d’attente, info-intox, toutes les délégations sont ravies, tout s’est très bien passé, certaines racontent à quel point elles ont été brillantes, combien elles ont été félicitées ou combien elles sont dans l’incertitude. Le JEDI est modeste mais si… Le téléphone sonne, c’est le ministre, secondes comme une éternité… les résultats… 2 Idex et 2 ISITE! Nous y sommes !

Maintenant une autre aventure commence ! Merci à tous de votre confiance !