le 17 avril 2020
Déjà presque un mois de confinement, alors que celui-ci est prolongé jusqu’au 11 Mai, le pays s’adapte et chacun s’organise entre ses quatre murs. Ce nouveau mode de vie, imposé subitement, a pu être initialement plus ou moins bien vécu. Une fois passé le stress de départ, une autre question se pose : enfermé, cerné d’informations anxiogènes, comment éviter de céder au spleen ? Le risque n’est pas négligeable, puisque mi-mars un article de la revue The Lancet révélait qu’une durée de confinement supérieure à 10 jours augmentait significativement la probabilité de manifester des symptômes de stress post-traumatique.
Le risque de dépression existe, surtout pour les personnes ayant déjà une vulnérabilité aux troubles de l’humeur du fait de leurs antécédents ou de leur sensibilité au stress. (Source, The Conversation, 12/04/2020, Lionel Cavicchioli, Chef de rubrique Santé).
Qu'en est-il des risques pour la santé mentale ?
« Pour être honnête, on ne les connaît pas au sens scientifique du terme », prévient Christophe Debien, psychiatre et responsable de pôle au Centre national de ressources et de résilience (CN2R). La situation est en effet inédite et, par conséquent, son impact le sera aussi. Des études déjà parues sur des mises en confinement et leurs conséquences sur la santé mentale, ainsi que l'expérience des professionnels permettent toutefois d'esquisser quelques pistes.
Fin février, alors que des dizaines de millions de personnes en Asie étaient soumises à des mesures de confinement - mais encore aucune en Europe -, la revue américaine « The Lancet » (https://www.thelancet.com/) a publié un article synthétisant les risques psychologiques de mises en quarantaine constatés lors de précédentes épidémies.
Les auteurs de l'article publié dans « The Lancet » listent une série de « facteurs de stress » pour une population confinée, dont le premier concerne la durée de la quarantaine :
« Les symptômes de stress post-traumatique deviennent significativement plus élevés lorsqu'elle dure plus de 10 jours ».
Premier constat, « le confinement semble mettre en danger le lien social, puisqu'on ne peut plus voir ni famille, ni amis, ni collègues et qu'on est privés de la satisfaction que peut procurer le travail », explique Christophe Debien. « Tout ce qui va déstabiliser nos repères temporels, sociaux ou économiques va faire monter notre niveau d'angoisse ».
La plupart des études analysées dans l'article de « The Lancet » conclut en effet à des « effets psychologiques négatifs », dont des troubles émotionnels, des dépressions, du stress, des insomnies, des symptômes de stress post-traumatique, de la colère et le plus souvent, une humeur maussade et de l'irritabilité. Le confinement « n'a pas les mêmes conséquences pour tous, selon les facteurs de protection psychique qui ont pu être acquis ou qui, hélas, font défaut », explique le neuropsychiatre Boris Cyrulnik dans un entretien à « L'Obs » publié le 10/04/2020. Il cite « ceux qui souffrent de fragilités psychiques antérieures, un trauma infantile, une enfance difficile, des conflits familiaux ou une précarité sociale » pourront développer des troubles psychologiques (anxiété, phobies, troubles compulsifs, difficultés sociales etc.)
La loi de 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » a reconnu de façon officielle les troubles psychologiques et psychiques comme pouvant être à l’origine d’un handicap psychique.
Cette reconnaissance invite l’ensemble des professionnels du handicap, de la mise en œuvre des politiques handicap et sociale, des directions des ressources humaines du monde du travail, à reconsidérer leurs dispositifs et leurs actions au regard de la problématique singulière de ce handicap :
- Quelle est la situation des personnes handicapées psychiques dans les entreprises ?
- Quel est le rôle de l’entreprise par rapport à ces personnes ?
- Quels sont les dispositifs d’accompagnement existants et/ou à envisager ?
- Dans quelle mesure l’entreprise doit- elle développer une politique spécifique à ce handicap ? (Source, Karine Gros, Professionnaliser le Référent Handicap).
La problématique de ces salariés peut être identifiée sous la notion de « handicap psychique » qui suppose une prise en compte du vécu de la personne non plus uniquement par rapport à ses troubles, mais bien par rapport à la dynamique sociale qui va se mettre en mouvement du fait de l’expérience individuelle de santé mentale.
Dès lors, le handicap psychique suppose non pas la connaissance des troubles mais la compréhension des conséquences sur la vie professionnelle de la personne.
Notre mission de service public, nos volontés de placer l’usager au coeur de notre action, de faire preuve d’audace, d’exemplarité, de responsabilité sociétale et d’inclusion, comme notre volonté d’innover nous mènent, naturellement vers une meilleure prise en compte du handicap, dans toutes les composantes d’Université Côte d’Azur. Il s’agit d’ouvrir nos portes aux personnels comme aux étudiants en situation de handicap, d’accompagner nos agents touchés par le handicap, de faciliter les études, comme de faire davantage du handicap un sujet de recherche et d’innovation au service d’une société plus inclusive envers les personnes à besoins spécifiques dus au handicap.
Le handicap, un enjeu d’inclusion, de bien-être au travail et d’innovation
Le handicap n’est pas un sujet nouveau au sein de l’Université. Plusieurs centaines de personnels en situation de handicap y travaillent. Plus de 500 étudiants en situation de handicap, suivis au quotidien, y étudient.
Aujourd’hui, Université Côte d’Azur se situe déjà au-dessus de la moyenne nationale dans son approche du handicap. Mais nous souhaitons aller plus loin et nous nous sommes donnés les moyens d’agir en signant une convention avec le FIPHFP (Fond pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique). Nous le constatons chaque jour, répondre aux besoins spécifiques de nos personnels et de nos étudiants en situation de handicap est un levier de bien-être au travail, d’innovation et d’efficacité pour eux et pour tous. Mieux prendre en compte le handicap nous invite parfois à revoir nos méthodes de travail, à imaginer les choses autrement, pour le bénéfice de tous. Cela implique aussi, souvent, de balayer nos idées reçues.
Dans le cadre de notre campagne de sensibilisation au handicap se sont déroulées trois journées de formation , de co-construction et de réflexion, autour du thème « Promouvoir la santé mentale au travail, quelle posture managériale ? » animées par Clubhouse France.
Contrairement aux idées reçues, 85% des handicaps sont invisibles dont le handicap psychique constitue une majorité. La santé mentale touche à la fois au sujet des troubles psychiques, qui peuvent déclencher un handicap psychique et amener la personne à demander la reconnaissance de qualité de travailleur handicapé mais également à la question de la souffrance psychique déclenchée ou amplifiée par un événement et/ou le milieu professionnel.
Ce sujet complexe est devenu incontournable puisqu’une personne sur 4 peut être confrontée au cours de sa vie à des troubles psychiques (Source Déclaration OMS).
Une meilleure compréhension du sujet permet d’identifier des outils et les bonnes pratiques qui favorisent la mise en place d’un accompagnement de qualité afin de faciliter le maintien dans l’emploi.
Forte de son expérience dans l’accompagnement à la réinsertion sociale et professionnelle de personnes touchées par des troubles psychiques, Clubhouse France propose une approche pédagogique qui rend le sujet accessible aux acteurs de l’entreprise susceptibles d’intervenir auprès des personnes en difficultés, des managers et de leurs équipes. Responsables RH, Mission Handicap, Médecins du travail, Ergonome, Manager, Responsable hiérarchique et Responsable Formation, sont autant d’acteurs à réunir en Commission plurielle pour favoriser une prise en charge globale et pluridisciplinaire des personnels en difficulté.
Les échanges lors de ces formations ont donné lieu à la rédaction d'un guide, véritable outil de bonnes pratiques pour comprendre et promouvoir la santé mentale à l'Université.
Cliquez sur ce lien pour accéder au fluidbook En pages 9 – 10 et 11 les bonnes pratiques et dispositifs d’accompagnement déployés par la Mission Handicap.
- Contact : Mission HANDICAP UCA Pierre Crescenzo (VP Politique Handicap) – Anne Brisswalter (Responsable Mission Handicap)