Quand un séisme lent rencontre un autre séisme lent

  • Recherche
Publié le 18 novembre 2020 Mis à jour le 15 janvier 2021
Date(s)

le 6 mai 2020

île de vancouver
île de vancouver

Deux chercheurs du laboratoire Géoazur ont pu observer un épisode où trois séismes lents se rencontrent le long de la faille des Cascades sous l’île de Vancouver au Canada. Ils mesurent une forte accélération du glissement induite par cette coalescence. Au point de pouvoir déclencher un grand séisme ? La question est posée. Ces travaux viennent d’être publiés dans Nature Communications en date du 1er mai 2020.

Des séismes lents sont observés sur de nombreuses failles à travers le monde. Ces évènements ne génèrent pas de tremblements de terre car le glissement sur la faille se produit en plusieurs semaines au lieu de quelques secondes pour les séismes classiques. Ils sont néanmoins suspectés de jouer un rôle important dans l’initiation des grands séismes. Deux chercheurs du laboratoire Géoazur ont pu observer un épisode où trois séismes lents se rencontrent le long de la faille des Cascades sous l’île de Vancouver au Canada. Ils mesurent une forte accélération du glissement induite par cette coalescence. Au point de pouvoir déclencher un grand séisme ? La question est posée. Ces travaux viennent d’être publiés dans Nature Communications en date du 1er mai 2020.

 séismes lents

Figure 1: Coalescence de "séismes lents" le long de la faille des Cascades (Canada - USA) du 26 Septembre au 4 Octobre 2013. Les cartes de couleur montrent l'évolution journalière du glissement (lent) sur la faille. les points bleus indiquent la micro-sismicité enregistrée chaque jour par les stations sismologiques.

Les séismes lents ont été identifiés au début des années 2000 et observés depuis sur de nombreuses failles à travers le monde grâce aux stations GPS qui mesurent très finement le déplacement du sol. Si ces évènements ne génèrent pas de tremblements de terre à proprement parlé, ils sont accompagnés de micro-séismes enregistrés par des stations sismologiques. Des études suggèrent que des séismes lents ont précédé des grands séismes récents (e.g. Japon, 2011, Chili, 2014). Les modèles théoriques et expérimentaux actuels vont également dans ce sens. Savoir comment un glissement lent peut s’accélérer pour évoluer en un véritable séisme (rapide) est donc crucial pour comprendre la genèse des tremblements de terre et mieux anticiper ces évènements destructeurs.


Deux chercheurs du laboratoire Géoazur ont suivi l’évolution de trois séismes lents le long de la faille des Cascades sous l’île de Vancouver à l’automne 2013 à partir de mesures GPS continues jusqu’à observer leur « fusion » (Figure 1). Cette « rencontre » entre séismes lents est confirmée par l’évolution de la micro-sismicité enregistrée par les sismomètres, indépendamment des mesures GPS. Les chercheurs ont observé qu’à l’occasion de cette coalescence l’énergie relâchée a augmenté d’un facteur 10 en 3 jours.
Les résultats de cette étude suggèrent ainsi que la coalescence de séismes lents est un mécanisme capable « d’emballer » le glissement. Au point d’initier un grand tremblement de terre ? Ce ne fût pas le cas lors de cet événement mais l’excitation du glissement par coalescence de séismes lents apparaît désormais comme un mécanisme potentiellement capable de transformer un séisme lent en grand tremblement de terre. Les grands séismes japonais et chiliens récents ont-ils été enclenchés par ce mécanisme ? La question est posée.

Référence: Bletery and Nocquet (2020), Slip bursts during coalescence of slow slip events in Cascadia, Nature Communications, https://doi.org/10.1038/s41467-020-15494-4.

Contacts chercheurs : 

UMR Géoazur (Université Côte d’Azur, IRD, CNRS, Observatoire de la Côte d’Azur)
Campus Azur du CNRS - 250 rue Albert Einstein - Sophia Antipolis