Quand la position du noyau façonne la structure des tissus

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Publié le 4 mars 2025 Mis à jour le 7 mars 2025
Date(s)

le 4 mars 2025

recherche labo
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Les cellules d’un embryon en développement subissent de nombreuses transformations pour donner naissance aux organes du futur organisme. Mais comment parviennent-elles à coordonner plusieurs changements de forme en même temps ?

L’équipe de Matteo Rauzi à l'Institut de Biologie Valrose d'Université Côte d'Azur a découvert que la position du noyau joue un rôle clé dans cette orchestration. En agissant sur l'organisation du cytosquelette, il influence directement la manière dont les tissus se plient et s’étendent simultanément. Cette avancée apporte un nouvel éclairage sur les mécanismes fondamentaux du développement embryonnaire et pourrait inspirer de futures innovations en ingénierie tissulaire.

La morphogenèse tissulaire correspond aux transformations de forme des épithéliums au cours du développement embryonnaire. Elle joue un rôle fondamental dans l’acquisition de la structure et de la fonction des organes. Pour façonner l’embryon en un organisme mature, les tissus peuvent croître, se rétracter, s’amincir, s’épaissir, se plier ou encore s’étendre. Comprendre les mécanismes qui sous-tendent ces changements de forme est une question centrale en biologie du développement.

Si les forces mécaniques et les signaux biochimiques impliqués dans les transformations simples des tissus sont relativement bien connus, la manière dont un tissu peut subir plusieurs modifications simultanées reste encore largement inexplorée. Ce type de transformation complexe, appelé morphogenèse composite, est pourtant omniprésent au cours du développement embryonnaire.

Une équipe de l'Institut de Biologie Valrose (Université Côte d'Azur) a étudié un exemple clé de morphogenèse composite : le pliage et l’extension simultanés des tissus, un phénomène essentiel à des processus majeurs tels que la gastrulation, la neurulation et la tubulogenèse chez de nombreux organismes. Pour cela, les chercheurs ont utilisé l’embryon de drosophile, un modèle animal puissant, écoresponsable et exempt de préoccupations éthiques majeures.

Cette étude révèle que la position du noyau à l’intérieur des cellules épithéliales joue un rôle clé dans l’organisation modulaire du cytosquelette, en agissant comme un élément dynamique qui module la distribution des activateurs de l’actomyosine au niveau du cortex cellulaire.

Ces résultats mettent en évidence, pour la première fois, comment la relocalisation du noyau influence directement la morphogenèse tissulaire. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour la compréhension des principes fondamentaux qui régissent les processus morphogénétiques complexes et pourrait, à terme, contribuer au développement d’approches innovantes en ingénierie tissulaire, notamment pour la fabrication d’organes artificiels.

Contact : Matteo Rauzi