Prévenir un risque, c’est anticiper des dégâts, pas empêcher un phénomène
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Deux ans après les inondations de 2015, le 3 octobre devient la journée dédiée au risque dans les Alpes-Maritimes (1). Pour cette première édition à Nice, focus sur les séismes.
Un risque correctement prévenu signifie la survenue d’une catastrophe naturelle avec peu ou pas de morts et un minimum de dégâts matériels. Car si les scientifiques savent prédire un cyclone, dans le meilleur des cas à moins de deux semaines, ils sont incapables de l’empêcher de se produire. Et les estimations demeurent relatives. L’intensité de l’ouragan Maria, survenu en septembre dernier, a ainsi été reclassée à la hausse au dernier moment, pour devenir en quelques heures un événement météorologique majeur de la saison. Avec les tremblements de terre, la situation est encore plus compliquée. Les connaissances scientifiques actuelles permettent d’identifier des zones à risque et de postuler des dégâts éventuels, mais personne ne saurait annoncer un séisme afin d’évacuer les populations. Car, si les chercheurs savent que de l’énergie s’accumule le long de failles, il leur manque toujours des données pour dire quand le phénomène atteindra un niveau de rupture.
Pourquoi cela, à l’heure où des instruments permettent de détecter des ondes gravitationnelles émises il y a très longtemps, lors de la coalescence de deux trous noirs ? Les chercheurs du laboratoire Géoazur et les enseignants impliqués dans EDUMED, programme soutenu par Université Côte d’Azur (2), étaient mobilisés le 3 octobre dernier, à l’invitation de la Préfecture, afin de répondre à (presque) toutes les interrogations des citoyens. Avec eux, les pompiers de l’urgence internationale, la réserve communale de sécurité civile et l’Association Française de Génie Parasismique (AFPS) avaient installé leur campement sur un couloir de la coulée verte. À l’intérieur de ce « sas », le sol a tremblé plusieurs fois, sous les pieds des élèves de primaire ou des simples passants.
Une petite plate-forme de simulation a en effet permis de reproduire différentes secousses « historiques », allant du séisme des Vosges survenu en 2003, avec une intensité (magnitude) de 5,4 à celui d’Izmit, daté de 1999, d’une intensité de 7,4. En France métropolitaine, il n’existe néanmoins pas de faille active avérée, qui empêcherait de construire ici ou là. En revanche, des diagnostics de vulnérabilité sont réalisés dans les zones dites « sismiques ». Les Antilles, les zones Est et Nord des Alpes-Maritimes sont ainsi classés « 4 », c’est-à-dire en sismicité moyenne. Les questions portent donc essentiellement sur les orientations de politique publique données pour renforcer le bâti existant. Des études sont réalisées en ce sens depuis plus de trente ans, afin d’analyser l’aléa régional et local. Elles concernent 74 km2 de ville, 215 000 logements, 300 ponts, 120 km de routes, rappellent les services de la Préfecture.
La zone présente en outre un sol sédimentaire, composé de plusieurs couches dont l’épaisseur varie par endroits, conduisant à des « effets de site ». En fonction de la nature géologique du sol, les secousses se verront par exemple amplifiées sur certains secteurs (notamment, les sites alluvionnaires, plus meubles, ont tendance à avoir un effet amplificateur). Pour l’élaboration du plan de prévention urbain, des microzonages lithologique et topographique ont été superposés. Une dizaine de stations accélérométriques (instruments de mesure des mouvements du sol) sont également installées sur le département depuis les années 90. Quoi qu’il en soit, « les risques naturels et la résilience sont de plus en plus travaillés ensemble », rappelle Emmanuel Tric, président de l’Université Nice Sophia Antipolis et ancien directeur du laboratoire Géoazur. Une formule qui souligne l’importance des « bons gestes » à adopter en cas de catastrophe : s’abriter sous une table, éteindre le gaz et l’électricité, s‘éloigner des pylônes et des arbres, ne pas toucher aux fils électriques arrachés etc (http://www.planseisme.fr/Que-faire-en-cas-de-seisme.html).
Laurie Chiara
- Les Alpes-Maritimes présentent une particularité métropolitaine, puisque le département est exposé à presque tous les risques naturels: Inondations, avalanches, incendies de forêt, mouvements de terrain et séismes
- http://univ-cotedazur.fr/edumed/fr/
Pour suivre l’activité sismique régionale et témoigner : http://sismoazur.oca.eu