Msc MARRES : ouvrir l’employabilité des étudiants scientifiques dans le domaine de la conservation et de la valorisation des ressources marines

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Publié le 18 novembre 2020

Le Msc MARRES (Science, Conservation & Valorization of Marine Resources) veut ouvrir l’employabilité des étudiants dans le domaine marin, en leur permettant de comprendre les problèmes actuels et d’envisager des solutions interdisciplinaires, et en leur donnant des compétences nécessaires à ces nouveaux marchés. Rencontre avec Christophe Mocquet, codirecteur du programme avec Paola Furla.

Quels sont les objectifs de ce nouveau diplôme ?

Partant du constat que nous avons sur la Côte d’Azur un fantastique regroupement d’acteurs tournés vers le monde marin, nous avons voulu créer un diplôme transdisciplinaire, offrant une excellente employabilité. Au-delà d’offrir un accès à la recherche, il comporte des aspects liés à la conservation des écosystèmes, au développement des territoires et à la valorisation de la ressource.
Nous nous appuyons sur l’expertise marine des laboratoires d’UCA travaillant à l’échelle de l’écosystème (ECOMERS), de l’individu (IRCAN) et en biotechnologie (ICN), mais également sur SKEMA Business School. L’émergence d’un tissu économique local autour de l’économie bleue constitue un levier important.

Pourquoi associer recherche, protection de l’environnement et entreprenariat ?

Les étudiants qui se destinent à la recherche vont acquérir de meilleures connaissances dans le domaine de la propriété intellectuelle (brevet) afin de bénéficier directement des résultats de leur recherche. La biologie marine est un champ de connaissance très technique notamment d’un point de vue juridique. Les enseignements des fondamentaux de management (communication, gestion d’équipe et de budget) apparaissent aujourd’hui indispensables.

Certains étudiants iront plutôt vers l’entreprenariat. On note que sur notre territoire beaucoup d’entreprises et de start-ups utilisent les ressources marines dans leur modèle économique. D’autres se tourneront vers des thématiques de conservation dans des ONG ou des administrations nationales ou supranationales.

Il est important que les étudiants acquièrent une connaissance de base dans ces différents domaines, pour savoir utiliser des termes et un vocabulaire commun, qu’ils soient du côté de la recherche, de la conservation ou du côté de l’entreprise. Pouvoir mieux travailler ensemble en disposant de bases communes est une condition à la création d’une véritable communauté dédiée aux ressources marines.

Et le regard des entreprises ?

Celles consultées sont très motivées. Elles étaient nombreuses à avoir répondu présent aux journées de présentation du programme le 29 janvier. Car elles ont du mal à trouver leur employé-type, qui est scientifique (R&D) mais qui doit également participer au développement de l’entreprise. Et ce profil est rare.
Pour aider à la connexion entre ces deux mondes, MARRES développe des projets d’immersion : les étudiants sont en lien avec des professionnels durant les 2 années de leur diplôme et ils peuvent développer leur profil soit en recherche soit en conservation soit en entreprenariat avec les professionnels qu’ils vont aider sur le long terme. Et de nombreux entrepreneurs ont proposé des projets sur 5 ans en disant « voilà comment nous pourrions travailler ensemble ». De plus, comme il y a toujours 2 étudiants par projet, un en 1ère année et un en 2ème année, ils peuvent s’accorder pour qu’il y ait une continuité dans le stage d’immersion.

Nous pouvons citer par exemple quelques startups locales : Inalve produit, à partir de micro algues, de la nourriture haute de qualité pour le bétail ; Lagosta produit des langoustes en incluant des aspects de conservation (réintroduction de larves dans le milieu) et de valorisation (extraction de molécules d’intérêt à partir des carapaces) ; Geocorail utilise les propriétés physico-chimiques de l’eau pour produire une sorte de béton naturel et optimiser la restauration des écosystèmes marins ; d’autres se positionnent sur le marché des cosmétiques, des produits pharmaceutiques et du tourisme durable.

Un exemple de protection du milieu associant science et économie ?

L’exemple des petites îles et des pays côtiers en voie de développement est parlant. Il y a beaucoup de surpêche car c’est souvent le seul moyen de subsistance local. L’idée est de travailler avec eux sur un business modèle alternatif où ils gagneront plus en protégeant leur capital (ici le poisson ou le corail) plutôt qu’en le détruisant.

Deux exemples :

En Indonésie, nous avons un projet d’immersion avec Coral Guardian, qui fait travailler les locaux pour restaurer leurs récifs coralliens, sources de revenus touristiques, plutôt que de les détruire par la pêche à l’explosif.

A Madagascar, à cause de la surpêche, les pêcheurs doivent aller de plus en plus loin de la côte pour continuer leur activité, entrant en conflit avec la pêche industrielle. Bleu Ventures a développé avec eux un projet d’élevage des concombres de mer qui ne nécessitent pas d’apport de nourriture. Ils récupèrent les larves, créent des concombres, les vendent à l’association, qui les envoie en Chine. Donc ils créent une nouvelle valeur avec quelque chose qui existe déjà, en diminuant l’impact de l’homme sur son milieu.

Pour résumer, il faut comprendre les problématiques de conservation, il faut des scientifiques pour développer un modèle nouveau (ici à partir des récifs coralliens et des concombres de mer), mais il faut également comprendre le marché et connaître les possibles débouchés.

Quels sont les débouchés ?

- Recherche scientifique fondamentale ou appliquée : chercheur, enseignant chercheur, ingénieur de recherche
- Conservation : Protection du milieu marin passant par le développement durable du territoire (régional, national, international)
- Conseil dans un bureau d’étude environnemental : apporter soit à une entreprise soit à une collectivité locale un avis sur le développement d’un projet, quelles conséquences sur l’environnement marin, quelles conséquences sur le tissu économique
- Entreprenariat et entreprise : un tissu de start-up se crée en ce moment sur la Côte d’azur ; industries internationales utilisant des ressources marines (agronomie, cosmétique, pharmaceutique…)

Et la formation continue ?

MARRES proposera pour la formation continue des certifications sur l’économie bleue, l’étude de la qualité du milieu marin, le droit de la mer et la propriété intellectuelle.

 

 

 

Contact :
Marion Musso : marion.musso@unice.fr