Mon billet pour la thèse : un neurofeedback 2.0 pour les enfants atteints de troubles du déficit attentionnel et de l’hyperactivité

Publié le 18 novembre 2020

UCA news donne la parole aux doctorants sous un format libre. Pour cette édition, retrouvez un texte de Camilla Barbini, doctorante en psychologie d’Université Côte d’Azur, réalisé pour l'édition 2017 du concours "Ma thèse en 180 secondes".

Vous vous rappelez de cette époque où, assis sur les bancs de l'école, un instituteur nous disait ce qu'il était bon d'apprendre, à quel moment et de quelle façon ?

 

On passait nos journées à écouter la leçon et à résoudre des problèmes, car c'était visiblement le seul moyen de réussir dans la vie.

 

Cela a marché pour beaucoup, mais pour 5% d'entre nous, cette rigueur a failli causer notre perte !

 

On était ces enfants punis au fond de la classe car pas très attentifs, un peu hyperactifs voire carrément impulsifs.

 

 Les toubibs ont un terme pour qualifier ces comportements : le TDAH.

 

Derrière cet acronyme un peu barbare se cache en réalité un trouble encore trouble : celui du Déficit Attentionnel et de l'Hyperactivité.

 

 Et qui dit trouble, dit traitement.

 

Le plus répandu, et presque systématique, est une petite pilule du nom de Ritaline.

 

Inquiétant, lorsqu'on sait que les effets secondaires de ce médicament sont dévastateurs : retard de croissance, dépendance, risques cardio- et cérébro-vasculaires, voire même neuropsychiatriques.

 

Alors, pour se donner bonne conscience peut être, on a cherché d'autres solutions.

 

Mes confrères, les psys, par exemple, se focalisent sur l'entourage de l'enfant.

 

Et il y en a d'autres, de ces soi-disant solutions.

 

Mais partout ce petit être est évincé au profit d'une norme à laquelle il doit se conformer.

 

 Partout, ou presque, car il existe une approche encore méconnue mais dont le potentiel intrigue.

 

Je vous parle du neurofeedback.

 

• Neuro : Car à l'aide d'un petit casque d'imagerie cérébrale on mesure l'activité de notre cerveau.

 

• Et feedback : Car on rend visible l'invisible : un retour d'information, sous forme de stimulation sensorielle, fait état de cette activité et ses variations.

 

 Imaginez alors qu'un enfant puisse apprendre à réguler son attention grâce à un jeu vidéo de course de bolides.

 

Plus besoin de manette : c'est l'activité attentionnelle qui contrôle la trajectoire de la voiture. Tant que l'activité est constante, elle suit le circuit. La sortie de piste est l'élément indiquant au cerveau qu'il commence à décrocher. Spontanément, il va se reconcentrer pour ramener la voiture dans la course.

 

 Voilà comment fonctionne le NFB.

 

Mais l'approche actuelle fait abstraction d'un élément : les deux symptômes du TDAH dépendent l'un de l'autre.

 

Et alors que l'attention s'entraine, l'hyperactivité, elle, est délaissée. Son retard va venir parasiter les progrès de son acolyte, limitant ainsi les effets à long terme.

 

 C'est ainsi qu'est né un projet : développer un protocole du NFB qui réunirait enfin ces deux acolytes.

 

• Pour cela je laisse l'attention contrôler la trajectoire du bolide, elle s'en charge très bien.

• Mais en plus, j'implique l'hyperactivité : je la mesure de sorte à produire simultanément un second feedback, une stimulation sonore : les encouragements d'un public.

• La constance de ces encouragements va booster l'attention, et à son tour les performances du bolide vont alimenter la ferveur du public.

• Ce qui était alors une limite, la covariance de ces deux activités, devient une force permettant à l'enfant de gagner la course.

 

Voilà le coeur de ma thèse : créer une version 2.0 du NFB, multimodale, plus moderne et plus efficace.

 

Mais surtout, rendant à César ce qui est à César : Rendant à l'enfant sa liberté d'apprendre, de vivre et de grandir, finalement sa liberté d'être.