Matisse, le nouvel instrument de l'Observatoire Côte d'Azur, pour mieux comprendre la formation des planètes rocheuses

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Publié le 18 novembre 2020

Après une année de tests en laboratoire, sur le site du Mont-Gros de l’Observatoire de la Côte d’Azur, l’instrument MATISSE (Multi AperTure mid-Infrared SpectroScopic Experiment) est fin prêt à partir vers sa destination finale : l’Observatoire du « Very Large Telescope » au Mont Paranal du désert Chilien de l’Atacama. Encore quelques préparatifs et cet instrument de dernière génération du mode interférométrique du Very Large Telescope pourra effectuer son voyage.

Au Mont Paranal du Chili, 8 à 10 mois de validation des performances, « sur le ciel », dans les conditions réelles, attendent l’instrument et l’équipe qui l’a conçu. Un des objectifs de recherche majeur est l’observation des disques protoplanétaires et la compréhension de l’origine des planètes. L’instrument permettra aux chercheurs de la communauté internationale d’observer le ciel avec un niveau de détails inégalé dans le domaine de l’infrarouge moyen - de 3 à 13 microns de longueur d’onde - et recombinera la lumière de 4 des télescopes du Mont Paranal. Parmi les principaux objectifs astrophysiques, l’instrument observera, à proximité des étoiles jeunes, les poussières et le gaz qui sont les briques élémentaires à l’origine de la formation des planètes. L’environnement des étoiles plus jeunes que notre Soleil, difficilement observé jusqu’à maintenant, va nous révéler les conditions dans lesquelles se forment les planètes de différents types. Celles géantes et gazeuses comme l’est Jupiter, mais aussi celles de tailles plus modestes et rocheuses comme l’est la Terre. C’est une observation que les scientifiques et philosophes du 17e-18e siècle comme Descartes, Kant, Laplace, auraient bien aimé pouvoir conduire. Ces personnes imaginaient en effet une nébuleuse « protosolaire » composée de gaz et de poussières pour expliquer l’origine des planètes du système solaire. Nous allons observer et vérifier ce que d’autres avaient imaginé, mais aussi et surtout, découvrir l’inattendu.  

Au-delà de l’enjeu scientifique important, la réalisation d’un tel instrument est l’oeuvre d’une intelligence collective où la créativité et la passion d’une centaine de personnes sont réunies depuis plus de dix ans. Les instituts et agences européens impliqués dans le développement du projet sont : l’OCA et l’INSU CNRS en France, le MPIA, MPIfR et l’ESO en Allemagne, NOVAASTRON aux Pays Bas.

D’un point de vue scientifique, cet instrument va contraindre par les mesures obtenues sur le ciel, les modèles théoriques astrophysiques élaborés par les chercheurs du Laboratoire concernant la formation des planètes, l'évolution des étoiles, et l'environnement des trous noirs. Les avancées scientifiques sur le plan astrophysique mais aussi sur le plan de la conception instrumentale bénéficient aux étudiants de l’Université, en raison de la contribution des chercheurs et enseignants-chercheurs aux enseignements dispensés au sein de l’Université de Nice Sophia-Antipolis.

De nombreuses compétences ont contribué à cet effort à travers des métiers comme Chef de Projet, Ingénieur Système, Responsable de test instrumental, Ingénieur Informaticien, Opticiens, Mécaniciens... Des jeunes en formation doctorale ont également apporté leur contribution et leur énergie à ce projet en particulier pour préparer les premiers programmes d’observations qui seront conduits en 2019 et qui inviteront toute la communauté internationale à utiliser l’instrument.

 

  • Contact chercheur : Bruno Lopez, responsable scientifique, astronome, laboratoire Lagrange (CNRS-UNS-OCA),
Contact :
Marc Fulconis : marc.fulconis@oca.eu