Les meilleurs lycéens du monde ont disputé les olympiades de géosciences sur la piste azuréenne

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Publié le 18 novembre 2020

À la différence de l’athlétisme, les olympiades de géosciences se disputent sur une piste tirée à la verticale, entre le plancher terrestre et la limite de l’atmosphère. La 11e édition de ces épreuves internationales réservées aux lycéens ayant eu lieu sur la Côte d’Azur, du 22 au 29 août dernier, le territoire d’UCA s’est transformé pour l’occasion en stade éphémère.

Comme lors des compétitions sportives, les concurrents ont eu à disputer une série d’épreuves, avec chacune son terrain, ses règles et ses instruments. C’est donc derrière les paillasses du Centre International de Valbonne (CIV), sur le bord de mer de Cap D’ail, le plateau de Caussols et le barrage de Malpasset, puis derrière les murs gardés de Thales Alenia Space, qu’ils ont tenté de prouver leur maîtrise de la démarche scientifique appliquée à la géologie, à l’astronomie ou encore à la météorologie. En guise de village olympique, les organisateurs français, emmenés par Jean-Luc Berenguer (1), Professeur Agrégé de SVT au CIV, ont transporté les lycéens dans des univers inspirants. Entre deux visites  des laboratoires d’excellence d’Université Côte d’Azur, ils ont pu par exemple rencontrer le Pr Uwe Meierhenrich, engagé dans la mission spatiale Rosetta et le navigateur Kito de Pavant. Ils ont également passé une nuit à explorer le ciel sur le site de Calern de l’Observatoire de la Côte d’Azur et épié les ingénieurs en aérospatiale de Thales, en train de tester puis de monter les prochains satellites amenés à partir dans l’espace.

Le médaillé d’or de cette 11e édition, le Chinois Xinchen Wei, passionné de géologie depuis l’enfance, confie humblement avoir trouvé là des « sources d’inspiration ». Car désormais, tout lui semble possible. Personne, pourtant, ne l’avait « poussé » dans cette aventure, comme c’est souvent le cas dans les établissements scolaires. Il raconte avoir simplement entendu parler des IESO (International Earth Science Olympiad) sur un forum de discussions. Il a ensuite intégré un cursus de préparation organisé depuis deux ans à l’Université de Pékin et il a été sélectionné avec trois de ses compatriotes pour participer aux épreuves internationales. Trois d’entre eux repartent avec une des onze médailles d’or décernées. Un sésame reconnu dans leur pays, puisque, s’ils choisissent de poursuivre des études en lien avec les géosciences, le gouvernement s’engage à financer leur cursus dans l’université de leur choix. Xinchen Wei, lui, souhaite intégrer l’Université qui l’a préparé, à Pékin.

 

Honneur à la démarche scientifique

 

Comme lui, les 150 étudiants inscrits aux épreuves des olympiades représentent l’excellence de leur pays. 35 nations, dont cinq là en observation, ont ainsi envoyé leurs « poulains » pour une semaine sur la Côte d’Azur, accompagnés de « mentors » issus de l’enseignement ou de la recherche. Cette année en particulier, les organisateurs des olympiades, avec à leur tête sur ce volet Fabrice Jouffray (2), ont fait évoluer les épreuves afin de tester l'aptitude des élèves à la démarche scientifique plutôt que de les évaluer exclusivement sur des connaissances théoriques.  Les épreuves, longuement préparées par les enseignants, ont ainsi permis de mesurer la capacité des compétiteurs à savoir observer, analyser, raisonner, mobiliser leurs connaissances pour répondre à un problème global et travailler en équipe. C’est donc dans des épreuves individuelles puis mêlés aux autres pays dans des groupes de 8 que les lycéens se sont démenés avec les sujets. Ils se sont notamment succédés face aux jurés, exposant dans un anglais spécialisé appris « sur le tas », les conclusions de leurs investigations de terrain.

Déclarés « experts » le temps d’un week-end ils avaient par exemple à émettre des hypothèses sur les mécanismes sous-jacents à la rupture meurtrière du barrage de Malpasset, en 1959, ou encore sur la formation de blocs rocheux en suspension au-dessus du sentier du littoral de Cap d’Ail. Ils ont également eu à expliquer, poster à l’appui, comment de leur point de vue les connaissances en géosciences peuvent nous aider à envisager la vie sur une autre planète. Un thème que cette nouvelle génération d’étudiants aborde avec beaucoup de recul. Pour eux, par exemple, impossible de dissocier la question de la nourriture de celle de l’eau, de l’atmosphère, de l’énergie et du risque naturel… Conscients que nous ne pourrons pas changer de planète « demain », ils proposent d’ailleurs sagement de commencer à réfléchir à la question mais de penser d’abord à la façon de continuer à vivre sur Terre.

Loin de se trouver désarçonnés, les lycéens sortent donc de cette édition « revisitée » des IESO conquis. Qu’ils se destinent ou non à une carrière dans les géosciences, les membres de l’équipe de France estiment unanimement avoir vécu une expérience inoubliable et faire désormais partie d’une grande famille internationale. Ils s’illustrent en outre au palmarès… Noémie Polyn emporte la médaille de bronze en individuel et celle d’or sur les épreuves de terrain en équipe, Bastien Frobert repart avec la médaille d’argent en individuel, Clara Pigozzo reçoit une double médaille d’argent, en individuel et en équipe sur le terrain, Léa Feldmann rentre avec une médaille d’argent en individuel, Davia Franceschini avec une médaille d’or pour les épreuves en équipe et Antoine Bou Khalil avec une médaille d’argent sur les épreuves de terrain et une autre d’or pour la présentation du poster en équipe.

 

Pour en savoir plus : http://univ-cotedazur.fr/ieso2017/events/ieso2017

et http://www.ieso-info.org/next-ieso/

 

(1)      Jean-Luc Berenguer est Agrégé et enseignant-chercheur au sein du service commun Communication, Education et Système d'Information du laboratoire Géoazur (UCA)

(2)      Frabrice Jouffray est Professeur Agrégé, rattaché à l’Equipe EduMedObs du laboratoire Géoazur au sein d’Université Côte d’Azur

Contact :
Laurie Chiara : laurie.chiara@unice.fr