Le virus du numérique gagne l’enseignement en médecine et santé
Publié le 18 novembre 2020
Mues par le credo « jamais la première fois sur le patient », les facultés de médecine se dotent d’outils d’entrainements virtuels aux possibilités infinies.
Depuis 2012, Nice organise un salon des serious game en médecine et santé, le Segamed. Six ans après la première édition, le sujet, qui pouvait alors encore passer pour marginal, a pris de l’ampleur. Les facultés de médecine, mues par le credo « jamais la première fois sur le patient », se sont d’abord en grande majorité équipées en centres de simulations. Nice avait inauguré le sien en mai 2008. Mais désormais, les plus ambitieuses s’intéressent à la réalité virtuelle et même à l’intégration d’épreuves d’entrainement numérique dans la validation des diplômes. L’importance donnée à ces nouveaux outils pourrait ainsi jouer les baromètres d’excellence dans le milieu de la formation médicale.
Dans le hall principal de la tour Pasteur, les sociétés spécialisées présentent ainsi naturellement aux médecins et aux étudiants les produits les plus en pointe sur le marché. Si les mannequins utilisés dans les centres de simulation rappelaient encore la machine de Coudray, inventée en 1750 par la sage-femme du même nom pour enseigner l’art des accouchements, la table Anatomage semble tout droit sortie d’une film d’anticipation. Commercialisée depuis 2012, elle propose par exemple la première dissection virtuelle au monde et a déjà trouvé preneurs dans 600 universités, dont 6 Françaises.
Un tel instrument pédagogique, destiné à l’enseignement mais également à la préparation de certaines interventions avec le patient, représente un investissement de 78 000 dollars. Les jeux intelligents, plus ciblés et davantage accessibles, proposent également des scénarios pour s’entrainer à affronter diverses situations. Couplés avec un centre de simulation, ils proposent par exemple un complément à la formation des anesthésistes réanimateurs.
La réalité virtuelle comme prochain niveau
Ils peuvent également servir d’outil de suivi thérapeutique, dans les addictions, ou dans les maladies liées au vieillissement cérébral. La réalité virtuelle propose des pistes pour vaincre les phobies, et les particuliers ont désormais accès à des jeux leur permettant d’apprendre à se préparer à un accouchement ou à assister une femme enceinte avant l’arrivée d’une équipe médicale (emergency birth, born to be alive). Ces « jeux » n’en ont donc que le nom. En revanche, l’engouement des universités françaises à leur égard semble croissant. Car selon un sondage national, celles-ci apprécient en particulier de pouvoir intégrer du matériel coûteux et dangereux aux environnements virtuels. Autre avantage, la logistique et la maintenance s’avèrent limitées. Enfin, ces outils d’accompagnement à la prise de décision permettent de s’auto-évaluer et de cibler le travail avec les Professeurs de médecine uniquement sur les points de difficulté.
Après la réanimation et les urgences, des disciplines comme la gynécologie obstétrique, la médecine interne et la neurologie sont ainsi gagnées par le « virus » numérique. Et pour connaître les développements futurs, il suffit de regarder du côté des universités les plus engagées. À Angers, Limoges, Dijon ou Bordeaux, les projets visent l’intégration de la réalité virtuelle aux centres de simulation. Voilà de quoi entraîner les étudiants à l’infini, sans autre dommage que la déception éventuelle d’une fin de partie anticipée.