Hier le DDT, aujourd’hui le Glyphosate. Nul doute que demain, un autre produit phytosanitaire issu de l’industrie chimique mettra les consommateurs en alerte. Or, La France se distingue comme étant la première puissance agricole et un des premiers consommateurs de pesticides au niveau de l’Europe, ce qui la place dans une situation délicate. L’Institut Sophia Agrobiotech (ISA), pionnier dans les recherches pour le développement d’une protection alternative des plantes, entend devenir un centre de référence mondial dans le domaine des méthodes de biostimulation et le biocontole des cultures.
Hier le DDT, aujourd’hui le Glyphosate. Nul doute que demain, un autre produit phytosanitaire issu de l’industrie chimique mettra les consommateurs en alerte. Car ces dernières décennies, les gros titres des émissions d’investigation, les slogans « éthiques » des distributeurs de denrées alimentaires, les résultats des votes au parlement européen en matière de perturbateurs endocriniens ou de commercialisation de pesticides entretiennent le débat public. Les produits agricoles sont-ils devenus en un siècle notre poison quotidien ? Certes, sur ce sujet comme sur tant d’autres, les publications se contredisent. Mais cela suffit à une frange croissante de consommateurs pour affirmer sa défiance vis à vis « produits chimiques » et des industriels qui les produisent. Le public réclame ainsi des labels clairs et des garanties pour sa santé.
Or, La France se distingue comme étant la première puissance agricole et un des premiers consommateurs de pesticides au niveau de l’Europe, ce qui la place dans une situation délicate. Comment opérer une transition en douceur, sans perdre la productivité nécessaire pour nourrir la population? Des agriculteurs, bien que minoritaires, ont déjà sauté le pas en rejoignant un réseau de professionnels prêts à suivre le plan gouvernemental Écophyto 2.
L’Institut Sophia Agrobiotech (ISA), pionnier dans les recherches pour le développement d’une protection alternative des plantes, entend par ailleurs devenir un centre de référence mondial dans le domaine des méthodes de biostimulation et le biocontole des cultures. Le biocontrôle réunit une panoplie de stratégies de protection des cultures basées sur l’utilisation de mécanismes naturels, donc de « produits » naturels. Université Côte d’Azur, dans le cadre de son IDEX Jedi, s’engage également. Elle soutient l’ISA en finançant les volets recherche et enseignement du projet BOOST (BioprOtection and biOStimulation) à hauteur de 600 000€. Il s’agit de mener un ensemble de travaux pluridisciplinaires, agrégeant des compétences présentes dans UCA que l’ISA ne possède pas sur le thème du biocontrôle, et de proposer un MASTER dédié dès la rentrée 2018. A ce titre, un atelier de travail axé sur les problématiques des sciences humaines et sociales qu’implique le biocontrôle a été orchestré les 7 et 8 décembre derniers par Aura Parmentier, chercheuse au GREDEG. La responsable de l’axe « valbio » du projet BOOST avait invité un large panel de partenaires, d’horizons divers, à discuter du biocontrôle et des freins actuels à son développement.
"On n’échange pas un bidon bleu contre un bidon rouge"
Économistes, linguistes, biologistes, écotoxicologues, chimistes, sociologues, représentants de la recherche publique et industriels, ont ainsi travaillé un certain nombre de questions. Il s’est agi, par exemple, de s’accorder sur la définition à donner du biocontrôle. « Des produits de synthèse peuvent-ils être homologués comme tel au prétexte qu'on en trouve des traces dans les volcans ? », s’interrogeaient les participants. Ou encore : « est-ce que ce qui mime le naturel, comme les phéromones de synthèse, peut être considéré comme naturel ? ».
Au fil des ateliers organisés, s’est également posée la question de la place à donner aux outils de biocontrôle. Pour les participants, « il ne s’agit pas d’un substitut des produits phytosanitaires. Ce sont des outils complémentaires et/ou des substituts partiels. On n’échange pas un bidon bleu contre un bidon rouge. Car à partir du moment où il faut ajouter du service, du conseil, un système technique d’accompagnement à un procédé, on se situe dans une substitution imparfaite ». Pour les acteurs du projet BOOST, cette transition n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de la photo argentique vers le numérique.
Ils estiment ainsi que « l'agriculteur choisira de se tourner vers telle ou telle pratique en fonction, notamment, de l'efficacité, du coût des méthodes de travail, de la pression des circuits de vente de n’accepter que des produits parfaits au détriment de produits avec des "défauts" (donc naturels), sans oublier le doute qui suit une "mauvaise expérience". Il serait intéressant de se pencher sur la possibilité de tester des produits avant de s’engager ». Mais pour les partenaires, la transition nécessite aussi de changer les paradigmes, chez les politiciens, les professionnels et les consommateurs. Selon eux, la nouveauté passera par des incitations fiscales et l’organisation des acteurs locaux. Les Innovations techniques, par exemple au niveau de l’automatisation des pratiques agricoles, du développement des drones pour l'épandage, pourraient d’un autre côté accroître l’efficacité des outils de biocontrôle.