L'Académie des Sciences lance un cycle de manifestations "en Région". Une initiative débutée sur les sites d'Université Côte d'Azur les 20 et 21 juin 2019.
L’Académie des Sciences regrette que la recherche ne soit pas assez considérée actuellement, en Région et dans le Pays. Ses représentants, réunis les 20 et 21 juin dernier à Université Côte d’Azur, ont affirmé leur souhait « que nos élus puissent considérer les scientifiques comme étant des acteurs indispensables dans les politiques de progrès ». « Cela, pas pour prendre des décisions, car ce n’est pas leur rôle, mais pour éclairer les décideurs dans leurs choix », a précisé Pascale Cossart, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. L’Académie, créée en 1666 au sein de l’Institut Universitaire de France, a en effet pour missions d’encourager la vie scientifique, de transmettre les connaissances vers la société, de promouvoir l’enseignement auprès des jeunes, de favoriser les coopérations internationales et également de jouer un rôle d’expertise et de conseil.
C’est dans cet esprit qu’elle a organisé, avec l’Académie de médecine et l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, une rencontre le 19 juin 2019 dans les salons du Sénat, afin de débattre de la cybersécurité. Les thèmes abordés ont concerné par exemple le chiffrement, les protocoles de sécurité, la détection des attaques, l’impact potentiel des ordinateurs quantiques. Les deux journées de conférences organisées à Nice cette année, quant à elles, inaugurent un nouveau cycle, destiné à mettre en valeur les talents régionaux et à montrer que l’Académie n’existe pas qu’à Paris. La Côte d’Azur compte notamment 15 académiciens à elle seule, pour un total de 268 représentants. Avec seulement 32 femmes et une moyenne d’âge de 58 ans, l’assemblée souhaite néanmoins fournir un effort dans ses recrutements, afin de se diriger vers la parité et de davantage valoriser les jeunes talents.
La première manifestation de l’Académie des Sciences en Région, à Nice et à Sophia Antipolis, a vu défiler les porte-paroles de l’excellence de la recherche, invités à présenter leurs problématiques au grand public et à leurs homologues issus de disciplines souvent très éloignées. Alessandro Morbidelli, planétologue au laboratoire Lagrange, a ainsi tenté d’expliquer au plus grand nombre pourquoi notre système solaire s’avérait encore à ce jour si singulier dans l’Univers. Frédéric Cappa, géologue à Géoazur, a révélé l’existence, depuis 2008 aux Etats-Unis, de séismes liés à l’augmentation du nombre de puits d’injection de fluides dans les sols. Pascal Barbry, biologiste à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire, est revenue su la participation de son équipe au projet de construction d’un atlas des cellules humaines, financé par la fondation Chan Zuckerberg. « Ce travail nous permettra de découvrir de nouvelles populations de cellules, d’appréhender l’hétérogénéité des tissus normaux et pathologiques, d’avoir une approche thérapeutique qui ne reposera plus sur un effet moyen observé sur un tissu entier mais sur des données beaucoup plus précises et adaptées », a-t-il expliqué.
Eric Gilson, de l’Institut de Recherche sur le Cancer et le Vieillissement (IRCAN), estime pour sa part que nous pouvons désormais imaginer avoir un impact sur le vieillissement. Pour lui, la compréhension des mécanismes biologiques de destruction et de réparation des télomères, la partie terminale des chromosomes, pourra nous orienter vers des stratégies pour bien vieillir plus longtemps. Du côté d’INRIA, Maureen Clerc a évoqué ses travaux sur l’élaboration de voies de communication détournées avec les personnes en état de conscience minimal. Celles-ci, comme piégées dans un corps ayant perdu presque toute motricité, montrent à l’IRM fonctionnelle une activité cognitive intacte. « Nous leurs demandons d’imaginer une activité motrice passée et nous regardons si cela se « lit » sur les images numériques », raconte la chercheuse. Elle leur propose alors par exemple de penser jouer au tennis pour dire « oui » et de marcher dans une maison pour exprimer un « non ».
« Néanmoins, ce type de stratégie nécessite de court-circuiter toute la boucle sensori-motrice développée au cours de l’évolution et utilisée depuis la naissance. Autant dire que piloter un bras robotisé représente des mois d’apprentissage », souligne Maureen Clerc. Malgré ces difficultés, la chercheuse entraîne actuellement une patiente pour le Cybathlon 2020. Les Académies des Sciences, elles, se réuniront pour un sommet dédié du G7, à Biarritz au mois d’août prochain. Les thèmes retenus pour cette rencontre sont : Science et confiance, Intelligence artificielle et société, Science citoyenne à l’âge de l’Internet.