La pollution de l'air, un facteur déterminant dans la surmortalité associée au COVID-19 ?

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Publié le 18 novembre 2020 Mis à jour le 15 janvier 2021
Date(s)

le 3 avril 2020

astronaute avec un papillon sur un casque
astronaute avec un papillon sur un casque

La pollution de l'air pourrait jouer un rôle dans les disparités géographiques observées dans la mortalité associée au COVID-19. Au coeur de cette pollution, on trouve les "particules fines". De quoi s'agit-il ? Le Dr Rémy Collomp, du Laboratoire de Soins Pharmaceutiques et de Santé Publique (L2SP), Pôle Pharmacie Stérilisation CHU de Nice, nous explique les phénomènes en jeu.

Observe-t-on une corrélation entre les zones avec un taux de mortalité plus élevé au COVID-19 et la qualité de l’air de ces régions ?

Oui, plusieurs travaux ont montré une corrélation géographique entre les niveaux de pollution atmosphérique de plusieurs régions (exemple Italie) ou une exposition à long terme aux particules fines (PM 2,5  USA) et l’incidence de la maladie COVID-19 (taux d’hospitalisations ou de décès). Différentes interprétations peuvent être faites. Tout d’abord, la diffusion du virus serait facilitée par des particules de pollution. Même si des études, menées essentiellement en laboratoire, montrent que le nouveau coronavirus serait capable de survivre plusieurs heures dans l’air, cela n’a pas été retrouvé in vivo et encore moins à moyenne ou longue distance. Sa « dilution » importante, de fait, en air extérieur, correspondrait par ailleurs à une quantité très faible. Les gouttelettes et les surfaces restent donc bien les principaux vecteurs du virus selon l’OMS et le Haut Conseil de Santé Publique. Un 2ème concept beaucoup plus solide porte sur le lien validé et reconnu entre pollution atmosphérique et sensibilité-vulnérabilité du système respiratoire et du système immunitaire. De fait, les personnes fragilisées à ce niveau par cause de pollution seraient plus sensibles vis à vis du virus, et donc pouvant présenter plus fréquemment des cas graves de la maladie COVID voire de décès. 

Qu’est-ce qui peut influencer la qualité de l’air ? ( circulation de véhicules, activité agricole et industrielle, circulation du vent )

Les facteurs influant la qualité de l’air sont d’une part la production propre des polluants d’origine naturelle, mais ils sont surtout de nature anthropique, autrement dits liés à l'activité humaine : industrie, transport, agriculture, tertiaire, en proportion respective variable selon la nature des polluants, mais aussi les conditions météorologiques, essentiellement la température et le vent, qui vont favoriser soit leur « dilution » ou déplacement, ou au contraire leur accumulation géographique.

La durée actuelle de confinement et de ralentissement des activités suffit-elle à mesurer un impact sur la qualité de l’air ? Celui-ci sera-t-il « effacé » dès la reprise de la vie « normale » ? 

Durant cette période de confinement, au cours de laquelle de très nombreuses activités ont été fortement diminuées, voir stoppées, nous avons pu observer effectivement un impact clair sur la qualité de l’air. La baisse des concentrations de plusieurs polluants  concerne principalement les oxydes d’azote et les zones habituelles de trafic routier ou le CO2. L’effet observé est moindre en ce qui concerne les particules PM10 et PM 2,5 (1), avec parfois dans certaines zones, même des observations de pics de pollution les concernant.  Ceci est lié à leurs sources de production (secteurs résidentiel et tertiaire) avec utilisation plus importante du chauffage en journée liée au confinement et aux baisses de température par exemple. Malheureusement, les gains observés ne devraient pas être pérennes avec la reprise progressive de l’activité économique… sauf à ce que les conditions et comportements, individuels et collectifs, qui seront mis en place dans ce « monde d’après » soient plus vertueux. Ayant démontré, sous la contrainte de la période COVID-19, que de nettes améliorations sont possibles, la balle est donc dans notre camp !

(1)  Les chiffres accolés correspondent aux diamètres des particules (inférieur à 2,5 ou à 10 microns)

PM2,5 : combustibles fossiles, composés organiques, métaux etc. 

PM10 = poussières, pollens, moisissures etc. 

Plus le diamètre est petit, plus la particule aura tendance à rester en suspension longtemps dans l’air 

Pour en savoir plus : https://www.appa.asso.fr/synthese-pollution-de-lair-coronavirus/