Get up, stand up! La décadence d’un organisme programmé pour bouger
Publié le 18 novembre 2020
Le LAMHESS a invité le professeur François Carré, cardiologue rennais et chercheur à l’Inserm, à discuter des vertus thérapeutiques du sport, le 15 décembre à l’auditorium Nucéra.
Fâché contre les mauvaises habitudes, le Professeur François Carré arpente nerveusement la scène de l’auditorium. Le cardiologue rennais, chercheur à l’Inserm, déclare la guerre à l’inactivité physique et à la sédentarité. Selon lui, ces deux fléaux des temps modernes font au moins autant de dégâts sur la santé que le tabac. Le médecin s’agace devant ce qu’il présente comme une dangereuse aberration dans l’histoire de l’évolution : « Mes détracteurs me disent que nous n’avons jamais vécu aussi vieux. Or, cela est-il certain? Nos parents, nos grand-parents, oui, mais nous, qu’en saurions-nous ?». Car en moins d’un siècle, nos habitudes ont considérablement changé. « Nous marchons quotidiennement 1 à 2 kilomètres en moyenne, là où nos ancêtres en avalaient 8 à 10 fois plus ». Nos gènes, en revanche, sont toujours les mêmes que ceux des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique.
« Nous somme programmés pour bouger », assure François Carré. Le cardiologue défend ainsi les vertus médicamenteuses du sport. Se dépenser favorise le rétablissement, optimise les fonctions physiologiques de l’organisme, se montre efficace contre le vieillissement et l’obésité. Mais par « sport », le conférencier n’entend pas nécessairement une activité intensive. « L’inactivité, c’est moins de 30 minutes quotidiennes, continues ou fractionnées, de marche soutenue. L’activité physique c’est donc tout ce qui dépense plus d’énergie que de rester dans un fauteuil », résume le spécialiste. Bonne nouvelle, cela inclut le ménage et les trajets piétons pour aller travailler. La sédentarité, elle, concerne les personnes assises plus de sept heures par jour et suivant des périodes ininterrompues de 2 à 3 heures.
Là où François Carré s’arrache les cheveux, c’est que selon lui, « se lever régulièrement 2 ou 3 minutes suffit à lutter contre l’explosion des « e-phlébites et des e-embolies pulmonaires ». Termes bricolés en référence au travail sur écran et à la consommation excessive en médias audiovisuels… « La démocratisation de la voiture personnelle et du poste de télévision se font conjointement avec une explosion du nombre d’obèses dans les sociétés dites modernes », souligne le conférencier, graphique à l’appui. Pour lui, la graisse, parce qu’elle entoure les organes, reste l’ennemi numéro un : pêle-mêle, elle rend l’organisme résistant à l’insuline, augmente la pression artérielle, les réactions inflammatoires, le cholestérol, favorise les états pro-thrombotiques, altère l’ouverture des vaisseaux sanguins. « Plus vous êtes assis, plus vous risquez de développer un cancer », résume François Carré. Et une séance de sport occasionnelle ne suffit pas à éliminer le risque… « Il faut éloigner les poubelles des chaises, téléphoner debout, se déplacer à pieds chaque fois que possible », assène le cardiologue. Car le muscle, quand il est actif, est un brûleur de calories, mais il libère également une centaine de substances agissant sur les organes, les vaisseaux, ou encore les os…