le 23 janvier 2023
Astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur, spécialiste de poussière d'étoiles, Relations médias à la Société Française d'Astronomie et d'Astrophysique.
Docteur en sciences de l'Univers
"Perte de masse des étoiles évoluées: apport des observations infrarouges" (2005)
La planète Terre est la seule connue avec de "la vie intelligente”, de la bière et les crêpes de ma mère, alors prenons soin d’elle.
Quelle est votre formation et votre parcours depuis les bancs de l’Université ?
J’ai étudié à Brest jusqu’en maîtrise dans les domaines des mathématiques et informatique appliquées aux sciences et en physique puis à Université Côte d'Azur (UNSA à l’époque), où j’ai eu un DEA "astronomie : haute résolution angulaire, image et gravitation” et ma thèse passée à l’Observatoire de la Côte d'Azur.
Ensuite, j’ai fait 4 ans de post-doc à l’Université de Manchester, au Royaume-Uni, 3 ans de post-doc à l’Observatoire européen australe de Munich, en Allemagne et 18 mois, à Cornell aux USA.
Depuis 2013, je suis chercheur à l’Observatoire de la Côte d'Azur. Je travaille sur la mort des étoiles et la formation des poussières d’étoiles et à comprendre comment les poussières d’étoiles se forment.
Pouvez-vous expliquer votre métier comme si l'on avait 10 ans et ce qui vous anime ?
Ce qui m’a toujours animé, c’est apprendre et échanger. J'ai une vraie soif de découverte et de partage. Au-delà de mon métier de chercheur, je considère comme un devoir d’être acteur de la diffusion de la connaissance.
J’amène la science là où elle ne va pas pour la vulgariser. J’essaie de faire des choses étonnantes pour cela !
Comme un spectacle avec un humoriste, Guillaume Meurice, des projets de développement de l’astronomie en Afrique, d’aller dans les villages des Alpes-Maritimes avec l’association Sciences pour tous 06, d’être présent sur les réseaux sociaux (ndlr : Eric Lagadec a plus de 120 000 abonnés sur twitter), une BD, des livres, des documentaires, des podcasts...
On est dans une société qui doit faire face à des défis scientifiques et on a besoin de connaître les sciences pour comprendre des phénomènes comme le dérèglement climatique, la transition énergétique, les pandémies. L'astronomie est une super porte d’entrée vers les sciences parce que tout le monde s’est déjà posé des questions telles que la vie sur d’autres planètes, notre place dans cet univers fascinant et cela fait rêver !
Est-ce que travailler sur l’immensément grand vous fait relativiser les petits problèmes du quotidien comme se cogner un orteil sur la table basse et sur l’existence de l’être humain?
Travailler sur l’immensément grand fait relativiser sur la vie en général. On a la chance d’être là, c'est très court et il faut s'en rendre compte. Mais j’ai quand même mal quand je marche sur un légo !
La découverte d’exoplanète ça veut dire quoi pour l’être humain ?
Cela veut dire que dans notre galaxie il y a des centaines de milliards d’étoiles et autour de chaque étoile il existe au moins une planète.
La plupart des gens ont grandi en pensant qu’il y avait 9 planètes. Passer de 9 planètes à des centaines de milliards transforme la vision qu’a l’être humain de sa place dans l'univers. Cela nous rend humble.
La seule planète connue où il y a de la vie, où l’on peut vivre, c’est la Terre. On est le fruit d’un voyage qui a duré 13,8 milliards d’années. On est un grain de sable dans l’océan de l’univers. Cela nous donne une prise de conscience écologique. Là, il y a de la vie et on est en train de la détruire.
Il existe peut-être des planètes sur lesquelles on pourrait vivre mais elles sont toutes beaucoup trop loin. Le prix Nobel de physique Michel Mayor, qui a découvert l’exoplanète autour d’une étoile comme le soleil en 1995 a dit “il n’y a pas de planète B ”. Ce n’est pas parce qu’on découvre plein de planètes que l'on peut dire qu’on va aller vivre ailleurs.
Quand vous repensez à votre passage à Université Côte d’Azur...
J’ai un excellent souvenir de mon master, tant des profs, des collègues, de l’environnement, du parc de Valrose et des soirées passées au foyer des étudiants ! J’ai même la chance d’avoir retrouvé trois camarades de promotion à mon travail à l’Observatoire Côte d'Azur.
Que diriez-vous aux étudiants d’Université Côte d'Azur ?
Il faut discuter, aller vers les gens, essayer de voir ce qu’ils ont envie de faire, ce qui leur correspond pour avoir la motivation suffisante d'aller au bout des études, même si c'est difficile de savoir à 19 ans.
Aujourd'hui, les étudiants ont beaucoup d’outils pour être aidés dans leur orientation et dans leur insertion professionnelle. J’ai trouvé ma voie quand j’étais déjà en 4ème année à l'Université, mais je savais que je voulais faire de la recherche.
Je leur dirais aussi de prendre conscience qu’en France, on a la chance de pouvoir étudier. Les études sont accessibles avec un enseignement presque gratuit et c’est un bon moyen de se créer un avenir sympathique. Mon père n’est pas allé au collège. C’est le modèle universitaire gratuit qui m’a permis de devenir chercheur, c’était difficile à imaginer quand je suis né. C’est une vraie chance pour tous.
Je n’en serais pas arrivé là si...
Si les études n’avaient pas été gratuites, sans des rencontres importantes, des professeurs exceptionnels, un soutien moral sans faille de mes parents. Et quelques coups de chance !