Des emballages alimentaires comestibles pour un futur éco-responsable

Publié le 18 novembre 2020

À la découverte d'aliments en peau avec Sabine Ruaud et Marie-Catherine Mars

Dans un futur éco responsable, manger pourrait ne plus nécessiter que deux doigts d’une main. Assiettes, tables, verres, couverts et serviettes deviendraient obsolètes, au même titre que les emballages alimentaires. Une pyramide de sphères joliment colorées rassemblerait entrées, plats et desserts. La coque comestible des « plats » céderait sous la dent, libérant au choix un jus de fruit, un fromage ou un gaspacho. Pas besoin de cuire ou de cuisiner quoi que ce soit. L’enveloppe et le contenu du produit mêleront leurs saveurs pour composer l’arôme parfait. Cette projection pourrait s’avérer moins farfelue qu’elle n’y paraît… Un « Wikibar » a ouvert en 2013 dans le centre de Paris et propose par exemple à ses clients de manger des yaourts avec leur « peau », comme on goberait un grain de raisin. 

"Aujourd’hui, avec les arômes, on peut « tout » envisager »", confirme le Professeur Xavier Fernandez, chercheur à l’Institut de Chimie de Nice. « On a les outils et les processus pour déconstruire et reconstruire les aliments à volonté, tromper l’oeil et les sens ». Proposer au consommateur un steak sans viande mais avec les nutriments et le goût du boeuf, ne lui semble donc pas impensable. Chaque année, ses étudiants du Master pro FoQual « jouent » ainsi avec les arômes. Ils ont déjà réalisé un « burger » sucré ou de faux oeufs de lump au goût de café. « Sur le fond, ces transformations ne présentent pas de réel intérêt nutritionnel », estime le chimiste. « Même si », reconnaît-il, « les arômes jouent un rôle sur le sentiment de satiété »… 

Ainsi, au-delà de l'aspect ludique, les applications les plus intéressantes pourraient concerner les produits médicamenteux destinés notamment aux enfants et aux personnes âgées. Quoiqu’il en soit, il existe bel et bien, dans le secteur de l’agro-alimentaire, des sociétés prêtes à pousser le concept sur les étals commerçants, notamment pour développer son intérêt écologique. Récemment, Sabine Ruaud et Marie-Catherine Mars, Professeures de marketing à l’EDHEC, ont ainsi collaboré avec la start’up franco-américaine développant les « WikiProducts », la société WikiFoods. Les chercheuses ont étudié  la réceptivité des consommateurs vis à vis d’emballages alimentaires comestibles innovants. Ces travaux leur ont valu en 2016 le Prix AFM-CCMP 2016 du Meilleur Cas Pédagogique en Marketing (co-écrit avec Véronique Boulocher, senior lecturer Brighton University – Brighton Business School, UK), destiné à récompenser une réflexion innovante et originale. 

Elles reviennent sur ce travail dans un article détaillé (voir le fichier lié à cet article).