Dans le futur, la santé du cerveau ne tient qu’à un fil

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Publié le 18 novembre 2020

Les innovations médicinales ne se déclinent pas seulement sous forme pelliculée. À l’occasion de la semaine du cerveau sur la Côte d’Azur, qui s’est déroulée cette année du 9 au 19 mars, le CHU a organisé une journée spéciale santé du futur, au cours de laquelle il a été davantage question de fils conducteurs et chirurgicaux que de pharmacopée.

Une fois n’est pas coutume, aucun des traitements présentés n’avait sa place dans un pilulier. Le futur raconté au public de l’amphithéâtre Galet a plutôt mis à l’honneur des dispositifs de dernière génération ne ressemblant parfois qu’à un fil et faisant office de prothèses miniatures ou de systèmes d’assistance numérique. 

Des spires, des électrodes et des ordinateurs viennent ainsi corriger  ou soutenir l’activité du cerveau défaillant. Par exemple, actuellement, le traitement le plus efficace pour opérer un anévrisme consiste à boucher celui-ci au moyen de sortes de fils enroulés, appelés spires (ou coils). La retransmission, en direct, d’une intervention chirurgicale sous contrôle de l’imagerie, a permis de suivre le chemin de micro cathéters (d’un diamètre inférieur à un demi millimètre), depuis le pli de l’aine du patient jusqu’à l’intérieur de son cerveau. Après quelques minutes, les médecins (1) ont alors fait passer le long de cette tuyauterie artificielle et provisoire les précieuses spires. La première, plus large, a créé une cage à l’intérieur de l’anévrisme. Ensuite, 4 autres fils, plus fins, sont venus renforcer cette structure, protégeant le patient d’un saignement potentiellement fatal au sein de son cerveau. L’intervention (hors préparation du patient), étonnamment peu invasive,  aura duré moins d’une heure. 

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Une autre « success story » niçoise présentée lors de cette journée spéciale a concerné le traitement de la forme chronique et réfractaire  aux traitements médicamenteux de l’algie vasculaire de la face. Cette maladie, extrêmement invalidante pour les patients, se manifeste par des douleurs insoutenables survenant par crises plus ou moins rapprochées, dans la zone de l’orbite et s’étendant à toute une moitié de la face. La technique développée à Nice (2) repose sur une stimulation cérébrale profonde générée depuis un pacemaker. Deux électrodes envoient un signal électrique continu vers les fibres nerveuses suspectées de jouer un rôle critique dans la pathologie et situées entre l’hypothalamus et les noyaux végétatifs. Pour éviter les complications graves, les électrodes sont désormais introduites vers la zone cible en passant par les ventricules cérébraux ou les nerfs trans occipitaux. Or, chez les patients réfractaires à tout pour cette maladie rare, une amélioration spectaculaire de la qualité de vie est observée. La durée et l’intensité des crises baissent, l’auto-évaluation de la qualité de vie double pour flirter avec la moyenne nationale des Français. Pour considérer qu’un patient répond au traitement, il faut en outre constater une amélioration des symptômes supérieure ou égale à 50%.

En prolongement de ces travaux, les médecins ont également initié une étude pour essayer d’identifier précisément les zones du cerveau responsables du déclenchement des crises. L’imagerie par PETScan a permis, sur un nombre encore trop restreint de malades, de « voir » où semble agir la stimulation profonde :  dans les régions frontales de l’encéphale, responsables de l’attention portée à la douleur, dans l’hypothalamus, qui pourrait être le centre générateur des crises, dans l’insula, chargée de traiter le signal de la douleur. 

Plus tard dans la journée, il a été cette fois question des interfaces cerveau-ordinateur et des stimulations cognitives au moyen des simulations numériques. Ces interventions, enregistrées lors de leur tenue, seront prochainement mises en ligne et disponibles à cette adresse : http://www.chu-nice.fr/recherche/vous-informer/actualites/4016-semaine-du-cerveau-journee-speciale-sante

 

 

  1. Dr Yves Chau Huy Danh, Unité de Neuro-interventionnelle, Pöle Imagerie - CHU Nice et Dr Raphaël Blanc, chef de service adjoint, service de Neuroradiologie interventionnelle, Fondation Rothschild, Paris. L’opération a été commentée en direct par le Dr Jacques Sedat, Unité de Neuro-interventionnelle, Pôle Imagerie - CHU Nice
  2. En collaboration entre le Pr Denys Fontaine (Département neurochirurgie - FHU INOVPAIN - CHU Nice) et le Dr Michel Lanteri-Minet (chef de service du Département d’Évaluation et de traitement de la Douleur - CHU Nice).