Patched, la molécule capable d’améliorer l’efficacité des chimiothérapies

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Publié le 18 novembre 2020

Une équipe de chercheurs de l'Institut Pharmacologique, moléculaire et cellulaire (Université Côte d'Azur) menée par Isabelle Mus-Veteau vient de montrer qu’une petite molécule appelée méthiothépine est capable d’inhiber la résistance de certaines tumeurs à la chimiothérapie. Ces résultats ont fait la couverture du numéro de l’International Journal of Cancer publié le 1er juillet 2018.

Les tumeurs cancéreuses sont aussi capables de faire des cures « détox », limitant ainsi l’efficacité des chimiothérapies. Pour comprendre ces phénomènes, une équipe de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (Université Côte d'Azur, CNRS/Université Nice Sophia Antipolis) a étudié la protéine membranaire Patched, et montré que cette protéine est capable d’expulser certains principes actifs des chimiothérapies hors des cellules cancéreuses. Le rejet de ces substances toxiques permet à terme à la tumeur de survivre au traitement.

La protéine Patched participe normalement au développement embryonnaire, mais elle est détournée en outil de « détoxification » dans de nombreux cancers : mélanome, surrénalome, cancer colorectal, cancer du sein... Après avoir montré que Patched contribuait activement à la résistance à la doxorubicine, un des médicaments utilisés en chimiothérapie, les chercheurs ont étudié son inhibition par une petite molécule appelée méthiothépine.

De façon remarquable, la doxorubicine associée à la méthiothépine élimine plus efficacement les tumeurs que la doxorubicine seule, à la fois in vitro sur des cellules cancéreuses humaines, et in vivo sur ces mêmes cellules greffées dans des souris. Les chercheurs ont effectivement constaté que la méthiothépine favorisait l’accumulation du traitement dans les cellules cancéreuses ainsi que son efficacité. Enfin, leurs travaux montrent que l’association des deux molécules n’augmente pas la quantité de doxorubicine dans le cœur des souris étudiées, un point important car ce composé est connu pour sa cardiotoxicité. La méthiothépine appartient à une famille d’inhibiteurs d’un récepteur à la sérotonine, dont certains membres sont déjà employés pour traiter la schizophrénie.

L’équipe de recherche menée par Isabelle Mus Veteau en collaboration avec A. Hasanovic, Doctorante Université Côte d'Azur, souhaite donc poursuivre ces travaux aux côtés de chimistes pour optimiser la méthiothépine et lui faire par exemple perdre son effet sur le récepteur à la sérotonine afin d’augmenter sa spécificité pour Patched. 

Contact :
Isabelle Mus-Veteau : mus-veteau@ipmc.cnrs.fr