La différence entre les sexes se lit aussi dans l’intestin

  • Recherche
Publié le 18 novembre 2020 Mis à jour le 20 janvier 2021
Date(s)

le 23 septembre 2019

scientifiques manipulant des outils
scientifiques manipulant des outils

Bruno Hudry de l’Institut de biologie Valrose (Université Côte d'Azur) et ses collaborateurs du laboratoire Plasticité du cerveau (CNRS/ESPCI Paris) ont mis en évidence les mécanismes impliqués dans les différences entre les sexes. Les chercheurs ont montré que l’intestin possède donc une « identité sexuelle » complexe, qui induit des propriétés physiologiques distinctes entre les sexes, qu’il est aujourd’hui nécessaire de mieux prendre en compte dans la recherche fondamentale et clinique.

Les différences entre les sexes englobent bien plus que les organes sexuels. Les hommes et les femmes diffèrent par exemple par leur taille, leur composition corporelle ou encore leur durée de vie. Le sexe biologique affecte aussi la santé, des différences étant observées dans la réponse aux traitements de nombreuses maladies. Par quels mécanismes ces différences se mettent-elles en place ? C’est à cette question qu’ont souhaité répondre Bruno Hudry de l’Institut de biologie Valrose (Université Côte d'Azur) et ses collaborateurs du laboratoire Plasticité du cerveau (CNRS/ESPCI Paris). Dans une étude publiée le 8 août 2019 dans Cell, ils ont montré, chez la drosophile, que les testicules "parlent" à une partie particulière de l'intestin, via une molécule circulante appelée cytokine, pour augmenter la digestion et l’absorption des sucres dans l’intestin des mâles. En réponse, cette région de l’intestin sécrète du citrate(1), qui agit sur les testicules pour soutenir la production de sperme. Un organe adulte comme l’intestin possède donc une « identité sexuelle » complexe, qui induit des propriétés physiologiques distinctes entre les sexes (2), qu’il est aujourd’hui nécessaire de mieux prendre en compte dans la recherche fondamentale et clinique.

Notes 

1. Un métabolite mieux connu pour son rôle dans la mitochondrie en tant qu'intermédiaire du cycle du Krebs, « l’usine énergétique » de la cellule.
2. Dans une précédente étude, ces chercheurs ont montré un risque des tumeurs intestinales plus élevé chez les femelles drosophiles. (The sexual identity of adult intestinal stem cells controls organ size and plasticity. Hudry B, Khadayate S, Miguel-Aliaga I. Nature. 2016 Feb 18;530(7590):344-8).

Bibliographie
Gut-testis crosstalk controls sex differences in intestinal sugar handling to promote food intake and sperm maturation. Bruno Hudry, Eva de Goeij, Alessandro Mineo, Pedro Gaspar, Dafni Hadjieconomou, Chris Studd, Joao B. Mokochinski, Holger B. Kramer, Pierre-Yves Plaçais, Thomas Preat, Irene Miguel-Aliaga. Cell, le 8 août 2019. DOI : 10.1016/j.cell.2019.07.029