Diabète de type 1 : des implants de stimulateurs électriques au secours des malades

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Publié le 18 novembre 2020 Mis à jour le 9 février 2021
Date(s)

du 11 novembre 2019 au 18 novembre 2020

L’équipe de Philippe Blancou, Professeur des Universités à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire
L’équipe de Philippe Blancou, Professeur des Universités à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire

L’équipe de Philippe Blancou, Professeur des Universités à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire (Université Côte d’Azur-CNRS) vient de montrer l’efficacité de la stimulation électrique du nerf pancréatique pour le traitement du diabète auto-immun. Ces résultats de médecine bioélectronique, sont publiés dans la revue Nature Biotechnology le 11 Novembre 2019.

Le diabète auto-immun est une maladie résultant de la destruction des cellules sécrétrices d’insuline du pancréas par des cellules immunitaires anormales dites auto-réactives. Ces cellules immunitaires auto-réactives sont stockées et activées dans le ganglion lymphatique pancréatique qui draine le pancréas. Cette destruction conduit à une hyperglycémie du fait de l’absence de production d’insuline, seule molécule hypoglycémiante de notre organisme. Les patients souffrant de cette pathologie sont actuellement traités par injection d’insuline. Cependant ces injections ne traitent pas les causes de la maladie mais uniquement ses symptômes. De nouveaux traitements pharmacologiques sont actuellement en développement mais ceux-ci ont montré une efficacité limitée et aucun n’est encore approuvé en clinique. 

De nouvelles approches thérapeutiques fondées sur l’utilisation d’appareils de stimulation électrique implantables, appelée médecine bioélectronique, ont vu le jour. Ces nouveaux traitements suscitent de grands espoirs car ils pourraient permettre de réduire voire même de remplacer les traitements pharmacologiques traditionnels. De telles technologies reposent sur la stimulation électrique de nerfs périphériques qui sont de véritables autoroutes biologiques de l’information permettant à nos organes et au cerveau de communiquer. Ces nerfs peuvent modifier le fonctionnement de ces organes en libérant des molécules actives appelées neurotransmetteurs. Un des exemples le plus connu de dispositif médical utilisant cette approche est le pacemaker implanté sous la peau des patients et dont les électrodes sont introduites directement au niveau du cœur. Depuis maintenant plus de 20 ans de nouvelles cibles nerveuses ont été explorées comme le nerf vague. La stimulation de ce nerf par un dispositif médical proche du pacemaker a trouvé de nombreuses applications comme le traitement des épilepsies ou les dépressions résistantes aux traitements médicamenteux.

Le contrôle de la réponse immunitaire pourrait bien être la prochaine cible de la médecine bioélectronique. Des travaux sur l’animal ont mis en évidence les propriétés anti-inflammatoires de la stimulation du nerf vague. La stimulation électrique de ce nerf permet la libération dans les organes innervés de neurotransmetteurs qui bloquent l’inflammation. Les premiers essais cliniques ont montré que des patients souffrant de l’arthrite rhumatoïde, une maladies auto-immune, pourraient bénéficier d’une stimulation du nerf vague.

Une étude publiée conjointement par le CNRS et Université Côté d’Azur (UCA) d’une part et Galvani Bioelectronics (GlaxoSmithKline et Verily Life Science) d’autre part vient d’obtenir la preuve de concept que cette approche peut également s’appliquer au diabète auto-immun. Le groupe du Pr P. Blancou (Université Côte d’Azur-CNRS) a identifié un nerf qui se projette sur le ganglion lymphatique pancréatique chez la souris et a développé une procédure chirurgicale permettant d’implanter une microélectrode au niveau de ce nerf. Son électrostimulation pendant quelques minutes par jour seulement a permis de réduire l’activation des cellules immunitaires auto-réactives diminuant l’inflammation sans effets secondaires notoires. Cette électrostimulation appliquée à des souris diabétiques a permis de soigner ces animaux en inhibant l’attaque auto-immune et en maintenant la glycémie à des taux physiologiques.

Même si la mise en place d’un tel traitement chez les patients nécessite encore de nombreuses années de mise au point, cette étude représente un réel espoir pour les patients souffrant de diabète auto-immun car il n’existe, à ce jour, encore aucun traitement curatif.

  •  Lien : https://www.nature.com/articles/s41587-019-0295-8
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