COVID-19 : la piste du goût et de l'odorat

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Publié le 18 novembre 2020 Mis à jour le 15 janvier 2021
Date(s)

le 7 avril 2020

femme masquée tenant une fleur
femme masquée tenant une fleur

De récentes études font état de nouveaux symptômes susceptibles d'alerter sur une infection au COVID-19. Parmi eux, la perte du goût et de l'odorat.

Jérôme Golebiowski, Professeur à l'Institut de Chimie de Nice et Professeur adjoint au département du Cerveau et des Sciences Cognitives du Daegu Gyeongbuk Institute of Science and Technology (Corée du Sud) répond à nos questions

http://chemosim.unice.fr/golebiowski/
http://www.gdr-o3.cnrs.fr

La perte d’odorat et de goût pourrait être un signe précurseur de l’infection au coronavirus. Savons-nous pourquoi ? 

En effet, un nombre croissant d’études et de sondages met en avant l’anosmie et l’agueusie comme signes concomitants à l’infection par le SARS-CoV-2. Des études récentes, qui restent à valider par nos pairs montrent qu’il y a une expression significative des gènes du virus CoV-2 dans certains types de cellules du système olfactif. Le point commun avec le système respiratoire est la présence de cellules dites « ciliées », dont la morphologie comporte des cils, donc. Ces cellules olfactives seraient infectées par le virus ce qui explique la perte de performance olfactive chez les individus positifs au COVID19.

Les récepteurs cibles du virus SARS-CoV-2 appartiennent-ils à la gigantesque famille des olfacto-récepteurs ? 

Notre épithélium olfactif est constitué de nombreux types de cellules. Toutefois, les cibles du virus ne sont pas les récepteurs aux odorants. En fait les neurones olfactifs proprement dits, qui portent ces récepteurs et nous permettent de décoder les molécules odorantes, ne montrent aucune présence des gènes spécifiques de SARS-CoV-2. Ce sont d’autres cellules de l’épithélium olfactif, notamment les cellules souches et les cellules de soutien qui sont spécifiquement infectées. Cette infection mènerait au dysfonctionnement de l’ensemble du système olfactif. Il reste à établir comment !

Ce symptôme est toutefois partagé avec d’autres maladies. Comment y voir clair ?

C’est bien le problème, c’est que l’anosmie peut être déclenchée par bien d‘autres pathologies ! Plus spécifiquement, les cas d’anosmies liées à des infections virales en tout genre sont nombreux. C’est par exemple le cas de la grippe « classique », pour laquelle certains patients perdent aussi l’odorat sur des durées variables. C’est probablement pourquoi les autorités sanitaires hésitent à classer l’anosmie dans les signes précurseurs du COVID-19, qui comprennent la fièvre, la toux sèche et les difficultés respiratoires. Toutefois, en ces temps difficiles, il convient d’être extrêmement vigilant en cas d’anosmie ou d’agueusie.

J’ai l’honneur de coordonner la section « France » du Groupement Mondial pour la Recherche Chimiosensorielle (GCCR) et nous allons lancer un grand questionnaire pour établir précisément la prévalence de l’anosmie et l’agueusie parmi la population mondiale positive au COVID-19.

Il permettra de réaliser une étude scientifique pour établir les relations entre les maladies respiratoires (#COVID19 #influenza) et la perte d’odorat et de goût. Pour en apprendre davantage et participer à une courte étude en ligne, rendez-vous sur : https://sites.google.com/view/gcchemosensr/

Contact :
Jerôme Golebiowski : jerome.golebiowski@unice.fr