Université Côte d’Azur lauréate de l’appel à projet « Nouveaux cursus universitaires » : 10 millions d'euros pour une nouvelle offre de formation en licence
- Formation
Grâce à son dossier L@UCA, Université Côte d’Azur fait partie des 17 projets retenus par le MESRI dans l’appel à projets « Nouveaux cursus universitaires ». C’est une dotation de presque 10 millions que recevra Université Côte d’Azur pour impulser une réforme du premier cycle universitaire qui s’adapte aux nouveaux profils des étudiants et aux métiers de demain. Laure Capron, porteuse du projet, nous dévoile les grandes lignes de ce projet ambitieux et innovant.
L’appel à projet lancé par le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, dans le cadre du programme d’investissement d’avenir 3, vise à soutenir les universités, écoles ou regroupements d’établissements qui souhaitent expérimenter de nouvelles formes d’organisation des formations afin de les adapter à la diversité des publics. Ses objectifs sont multiples :
- une meilleure réussite des étudiants en premier cycle grâce à une diversification et un décloisonnement des formations ;
- un développement des approches pédagogiques nouvelles ;
- une spécialisation et une professionnalisation progressive ;
- un accompagnement étudiant tout au long du parcours.
Cette initiative doit témoigner de la capacité des universités à faire évoluer leur offre de formation et à mettre en place une politique de formation ambitieuse.
Université Côte d’Azur s’est positionnée sur cet appel d’offre en présentant le projet L@UCA dont l’objectif est d’une part, un processus d’orientation accru de Bac-3 à Bac+3, l’individualisation des parcours de premier cycle, une meilleure préparation à l’insertion professionnelle et d’autre part, une intégration plus importante de la licence dans le cadre de la formation tout au long de la vie. Mais concrètement que contient ce dossier ? Rencontre avec Laure Capron, doyenne de la faculté des sciences de l’UNS et chargée de mission pour le projet NCU L@UCA
UCA news : Le dossier L@UCA vise à réformer en profondeur le premier cycle universitaire : comment Université Côte d’Azur va s’y prendre ?
Laure Capron : nous sommes partis d’un double constat national que nous retrouvons également en local qui est que la licence universitaire souffre d’un déficit d’image par rapport aux autres formations de premier cycle et que de nombreux étudiants (34%) abandonnent en licence, et donc sortent du système sans avoir de préparation. Aujourd’hui les universités doivent faire face à de nouveaux publics avec de nouvelles attentes et c’est pour cela que nous devons transformer notre pédagogie pour les adapter aussi aux métiers de demain dans une société en évolution constante et rapide.
Le dossier que nous avons présenté repose sur 2 actions majeures :
- La modularisation et l’individualisation des parcours qui s’appuient sur des mentions larges de licence.
Par exemple en sciences, nous avons d’ores et déjà proposé pour le prochain contrat une mention « sciences et technologies », dans laquelle les étudiants vont pourvoir construire des parcours atypiques ; des parcours qui vont proposer une initiation à la recherche mais également des parcours qui vont s’appuyer sur une expérience professionnelle, ou une expérience dans l’associatif, donc autant de parcours individualisés. Et cet exemple de mention large, nous allons la développer pour l’ensemble de nos licences : nous pourrions ainsi imaginer par exemple une licence « sciences et humanités » qui proposerait par exemple une licence maths / philo sur le principe des majeures et mineures.
Le projet va encore plus loin : avec ces mentions larges et modulaires, c’est le rythme d’apprentissage qui est impacté. Rien n’empêchera un bon étudiant de préparer sa licence en 2 ans, il ne serait plus limité à 30 ects par an ; à l’inverse un étudiant qui souhaite développer un projet d’entreprenariat ou s’engager dans l’associatif, pourra parfaitement prendre plus de temps pour préparer sa licence.
Cette modularisation est également très importante dans le cadre de la formation tout au long de la vie : elle doit permettre de mieux prendre en compte la licence dans le cadre d’un projet de reprise d’études ou de réorientation.
Cette modularisation du parcours se fera sur la base d’un contrat pédagogique avec un objectif professionnel ou de poursuite d’études clair défini par l’étudiant (qui pourra bien sur évoluer dans le temps) et dont une équipe pédagogique en vérifiera la cohérence. Elle s’appuiera sur des conseillers pédagogiques (qui seront recrutés dans le cadre de ce PIA) et sur la mise en place d’un portfolio étudiant qui permettra à ce dernier de se situer, de voir comment il évolue et comment il progresse dans son parcours.
Ce nouveau type d'approche permet de se rapprocher des standards internationaux en termes de formation et notamment de la logique des crédits ECTS Européens. Les échanges d'étudiants devraient être facilités notamment avec nos partenaires internationaux.
- Une nécessaire transformation pédagogique
Le second volet de ce projet repose sur l’approche par compétences sur laquelle nous avons commencé à travailler dans chaque composante ; la réflexion est bien avancée en sciences ou en STAPS où les référentiels de compétences sont quasi finalisés pour les licences. Il s’agit de définir les objectifs de formation majeurs d’un diplôme (6-7 compétences en général). Une fois les objectifs définis, l’enseignant doit se poser la question du mode d’évaluation de ces compétences et de la pédagogie à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif. Il s’agit d’un processus qualité au final pour les formations qui peut être suivi et évalué par une série d’indicateurs.
« L’étudiant doit être acteur de sa formation »
Et cela passe par un processus de transformation pédagogique qui privilégie la pédagogie active : l’acquisition des connaissances théoriques par le mode transmissif qu’on connaît actuellement en cours magistral pourra être déplacée sur des supports numériques pour garder en présentiel des pédagogies plus actives quand cela est adapté.
Et ces processus seront adaptés aux spécificités de chaque domaine de formation.
Une place importante sera accordée à l’accompagnement de nos enseignants pour une meilleure transformation pédagogique de leurs enseignements en leur donnant tous les outils nécessaires pour opérer cette transformation. Il s’agira également de mieux valoriser l’engagement en pédagogie des enseignants.
La réalisation de ces transformations passe également par des actions qui impliqueront les étudiants : enseignement et évaluation par les pairs, tutorat, financement de contrats étudiants. L’étudiant construit son projet, son parcours et y est actif et il s’investit dans la vie de son université.
Une petite partie du budget sera aussi dédiée à l’amélioration des espaces pédagogiques (mobilier pour salles modulables, amphi interactifs, espaces de co-working).
UCA news : 17 dossiers ont été acceptés sur les 66 déposés et le dossier présenté par Université Côte d’Azur est classé en A+ par le jury : quels sont les secrets d’un tel succès ?
LC : Sa réussite tient au fait que nous avons érigé les bases lors de la préparation de notre contrat quadriennal avec le ministère qui prévoyait déjà une modularisation de notre offre de licences dans presque toutes nos composantes avec des portails et une spécialisation progressive. Nous avons initié partout la réflexion et le travail sur la démarche d’approche par compétences. Nous avons également déjà commencé à travailler sur les espaces pédagogiques avec des fonds spécifique de la CFVU de l’UNS ou d’Université Côte d’Azur. Un espace pour un fac lab, c’est-à-dire un endroit de rencontre des étudiants pour des projets de conception et d’innovation est en cours d’aménagement sur le campus Valrose. Il est prévu aussi l’ouverture prochaine d’un espace de co-working sur le restaurant universitaire de Montebello (campus Valrose) qui vient compléter l’ouverture en horaires élargis des bibliothèques universitaires. A la faculté de sciences, nous avons initié le processus de conception de ressources disponibles à distance puisque nous venons d’avoir un contrat avec Unisciel « sciences à la carte » pour déployer en accès à distance tous les enseignements des licences de sciences avec des tests de positionnement et d’évaluation continue.
La réussite du projet L@UCA est importante car elle vient compléter l’initiative d’excellence obtenue en janvier 2016 par Université Côte d’Azur, qui mettait en avant une logique d’université intensive en. Ici, le projet L@UCA concerne la formation et très spécifiquement les licences générales qui vont s’inscrire dans cette même dynamique de transdisciplinarité et d’ouverture déjà présente dans l’IDEX UCA jedi et en totale cohérence avec les projets d’Ecoles Universitaires de Recherche qui construiront l’Université cible visée par UCA à terme. (NDLR, au moment de l’interview les résultats n’étaient pas encore connus).
Propos recueillis par Delphine Sanfilippo